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Par Christophe Domino · L'ŒIL

Le 1 juillet 1999 - 675 mots

Quelles nouvelles positions, quels nouveaux regards sauraient ouvrir les nouvelles technologies comme Internet quand elles rencontrent les pratiques de l’art ?

Les contemporains renouvellent leurs supports avec un inépuisable appétit. Ils sont de plus en plus nombreux à investir les disques durs et les images de synthèse, maintenant à portée de main de celui qui simplement prend le temps d’apprendre un outil. Avec des résultats qui sont, sinon convaincants, du moins troublants, pertinents, voire percutants. Les artistes contemporains sont dans le médium, mais qu’en est-il des autres ? Ils ont leur place, eux aussi, sur ce médium, quand il se fait outil non plus tant de la création que de la transaction culturelle ou de la diffusion. Ici La Joconde s’incarne pixel, Rembrandt prend plein écran. Et même, le Rotorelief de Duchamp tourne ! La vie des œuvres sur le réseau est d’autant plus fascinante qu’elle permet des rapprochements, des juxtapositions, des raccourcis. Et il est vrai que pratiquer l’histoire à coup de couper/coller est assez légitime. Mais il n’est nul besoin d’être historien de l’art pour circuler dans l’histoire des arts. Les universités et leurs professeurs ont leurs réseaux, leurs biblios et leurs centres de ressources. Mais les musées, les institutions de toutes espèces, sur leurs collections ou à l’occasion d’expositions, nourrissent un musée sans mur dont la visite tient de la navigation à voile : un bord sur un cap, un virement et un autre bord. On peut refaire des parcours vécus ou au contraire visiter des lieux auxquels on n’accède pas autrement. Ainsi, le Musée du Conservatoire des arts et métiers... Les travaux de rénovation sont lourds et longs mais avant une réouverture à l’automne 99, le réseau offre l’accès à la diversité des domaines que la pratique et le métier réunissent là : le pendule de Foucault, le fardier de Cugnot, l’Obéissante d’Amédée Bollée et les avions d’Ader et de Blériot, le laboratoire de Lavoisier, des automates, des orgues de Barbarie et pièces d’horlogerie. En tout 80 000 objets et documents techniques, dans les domaines de la physique, de l’optique, de la mécanique, du calcul, des télécommunications et de la verrerie. Les pièces accessibles sont choisies très rigoureusement. Mais le pendule de Foucault dans son mouvement, en plein écran, est un moment marquant. Les objets de curiosité comme les approches savantes se croisent sur [http://www.cnam.fr].
De quoi préparer la réouverture...
Mais le butinage au hasard des liens est parfois frustrant. Il y a des moyens pour que la navigation culturelle ne tourne pas à la loterie : répertoire d’expositions, notes d’information pratique, textes critiques ou documents complémentaires, les serveurs en ligne se font souvent en couplage avec la presse imprimée. Ainsi [http://www.musexpo.com] reprend des articles du quotidien Le Monde, mais aussi un fichier d’expositions révisé en permanence : fraîcheur d’information garantie et présentation spécialement réalisée. Sur [http://www.musexpo.com], les renvois ne se font pas systématiquement aux serveurs des institutions concernées... Cela protège cependant de l’un des risques qu’il y a à voir l’information se faire essentiellement par les services de communication des musées, sensation parfois désagréable de lire un dossier de presse continu. Sur [http:www.artindex.tm.fr], les rubriques et même les pages livres sont animées par des textes tirés de L’Œil et du Journal des Arts. L’accès intégral est réservé aux abonnés, mais tout le monde accède à la librairie, aux derniers échos ou aux conseils pratiques pour se faire fouineur-chineur. Surtout, les quelque 5 000 expositions recensées constituent à la fois un outil pour le touriste et un incroyable tour d’horizon de la vie culturelle dans la plupart des pays du monde.
Ce sentiment de voyager avec Internet s’empare d’ailleurs de celui qui visite par lien le serveur de la Réunion des musées nationaux. S’il peut être exaspéré par l’omniprésence des messages commerciaux, il saluera toutefois cette proposition d’adresser une carte postale de l’exposition visitée au destinataire de son choix... du moins parmi ceux qui ont une adresse électronique. Prévenu, le destinataire est invité à venir lui aussi sur le site pour y prendre son courrier... et voilà un navigateur captif !

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Internet

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