PARIS
Deux ouvrages parus cette année se rapprochent par leur titre aux éditions de l’Atelier. Ils nous permettent de tracer un parallèle sous l’angle du regard et, plus avant, du cadre conscient que celui-ci pose autour de lui.
Car enfin que nous dit l’œil de ce qu’il montre ? Partout où il se pose il déforme la chose. Il la réduit. Il se l’approprie. Il en détache une infime partie, il la globalise, il lui donne sens. Il la mystifie. Et c’est là tout l’art de créer. L’Œil du monde, de Pascal Dethurens, s’attache à la thématique de la fenêtre dans la littérature et les arts picturaux occidentaux. Limiter le champ de perception, c’est ce que fait une fenêtre, qui génère à elle seule un point de vue et une vision, une réduction et une impression. Plus que d’ouvrir une brèche dans les murs de nos perceptions, elle nous donne un axe de compréhension. On y voit ce qu’il s’y passe, bien plus que ce qui est, et c’est l’amorce de toute histoire. Chaque fenêtre est un théâtre qui se joue en nous, et tout ce qui s’y présente se mystifie à l’échelle de la vie. Par elle pénètre l’appel de la lumière, l’inspiration. « Quel poète aussi n’a pas rêvé de vivre sa vie comme à travers une fenêtre, à la fois saisi par la beauté du monde et retenu en lui-même dans sa contemplation ? » [L’Œil du monde, p. 13] L’Œil d’Hermès, de Frédérick Tristan, narre en filigrane, à la manière d’un roman, la pensée de John Gilbert Chesterfield, et dépeint l’imaginaire pictural comme une fenêtre de l’esprit jouant avec le réel. Car le regard, c’est l’index de l’esprit qui se pose sur le monde. Il sert autant à toucher qu’à montrer. Il sert autant à sentir qu’à démontrer. Et là où l’œil pointe le dard de son regard, il n’y a plus que lui. Il n’y a plus qu’esprit. C’est ici que tout commence et là où tout finit. Le monde enfante l’œil qui le regarde et le fait monde. Et le regardant, le créateur, « l’artiste est le reflet de ses œuvres, lesquelles sont les reflets de ce que l’extérieur a reflété en lui-même » [L’Œil d’Hermès, p. 181]. Ces deux ouvrages nous interpellent à la « fenêtre de l’âme » sur les mystères du monde et de sa création – en nous – comme un faisceau de convergences appelle une révélation.
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Fenêtre sur l’âme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Fenêtre sur l’âme