L’exposition de Gilles Peress, \"Farewell to Bosnia\", présentée cet été à l’École des beaux-arts de Nîmes, a été saluée pour la réflexion qu’elle provoquait, bien au-delà des photographies montrant l’horreur du conflit bosniaque.
Reste aujourd’hui un livre, grand format, où l’on retrouve les cadrages serrés, le choc frontal des images de Gilles Peress, avec cette lancinante question : de tels documents peuvent-ils être qualifiés aujourd’hui d’œuvre d’artiste ? Goya n’a-t-il pas dénoncé les désastres de la guerre ? Si l’art a déjà affronté la mort, les cadavres, les tableaux du passé ne provoquent plus d’interrogation.
Mais comment peuvent être regardées des photographies prises aujourd’hui, d’autant qu’il y a chez certains photographes une tendance à une esthétique de l’horreur, à vouloir faire du beau malgré tout ? Gilles Peress veut se démarquer de cette démarche en affirmant que son livre "est un document brut, sans mise en page", présentant "le travail le moins photographique" qu’il ait jamais fait.
Livre et exposition s’inscrivent dans le programme de la Fondation de France "Artistes concernés", qui veut permettre à ceux-ci "d’assumer leur responsabilité". "Farewell to Bosnia rappelle combien il a toujours été de la responsabilité de l’artiste de donner forme et sens à l’expérience vécue", écrit François Hers, responsable du département culturel de la Fondation de France.
Âgé de 48 ans, Gilles Peress a séjourné trois mois et demi en Bosnie, entre mars et septembre 1993. Vivant à New York, membre de l’agence Magnum depuis 1972, il s’est fait connaître en 1984 par un livre sans compromis sur la révolution iranienne, Télex Persan. Depuis vingt ans, il photographie le conflit en Irlande du Nord. Une synthèse de ces reportages doit paraître l’an prochain sous le titre Power in the Blood.
Farewell to Bosnia, éditions Scalo Verlag, Zurich, 172 p., 350 F.
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Farewell to Bosnia
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Farewell to Bosnia