Eugène Delacroix, Souvenirs d’un voyage dans le Maroc

De son vivant, les talents littéraires de Delacroix ont été abondamment salués à l’occasion de ses rares articles publiés dans la presse. Cependant, il n’est aucunement question des papiers et manuscrits, connus uniquement de quelques intimes, lors de la vente du fonds d’atelier du peintre en février 1864, quelques mois après son décès. Seul le Journal est ensuite publié avec le succès que l’on sait. Le reste, sans doute réparti entre ses familiers et son entourage, disparaît définitivement. Aussi, en 1997, lors de la vente organisée par les héritiers d’Achille Piron, légataire universel de Delacroix, quelle ne fut pas la surprise des historiens de découvrir un manuscrit incomplet relatant son voyage au Maroc. Acquis par la Bibliothèque Nationale de France, une publication du texte est aussitôt entreprise par les éditions Gallimard. Quelques jours avant la sortie de l’ouvrage en librairie, un collectionneur inconnu présente un important fragment de ce même manuscrit. Face à cette découverte inespérée, l’éditeur décide de le réimprimer immédiatement, complété du fragment manquant. Rédigé sans doute au début des années 1840, près de dix ans après le voyage, ce texte est une suite de souvenirs recomposés, un ensemble d’impressions, de descriptions extrêmement précises et d’anecdotes diverses relativisées par dix années de peinture où les thèmes marocains abondent. Son ampleur et sa qualité littéraire surprennent. Les scènes, narrées avec élégance et talent, nous entraînent à la suite de Delacroix dans une série de découvertes toujours modelées par la couleur et la lumière de ce pays.