Autobiographie - En 1994, Niki de Saint Phalle, alors âgée de 64 ans, publie Mon secret, dans lequel elle parle de son père incestueux, celui qui a voulu faire d’elle sa maîtresse quand elle avait 11 ans. « Dans mon cœur, il n’y avait qu’une rage et une haine farouches. »
Cette haine, ces non-dits et l’hypocrisie d’une famille bourgeoise new-yorkaise continuent d’affleurer dans toute l’autobiographie de l’artiste intitulée Traces qu’elle écrit quelques années plus tard, en 1999. Sans revenir sur ce drame, l’artiste raconte son enfance et les membres de sa famille, sa vie mondaine dans la capitale américaine, ses rapports avec ses frères et sœurs. D’apparence légère par les dessins colorés et l’écriture d’écolière, le récit est traversé d’une violence inouïe, celle du frère Jean craint par la petite Niki, celle du mépris pour son père et plus encore pour cette mère obnubilée par les convenances. L’artiste reconstitue un puzzle de sa propre mémoire, de sa propre vérité, faisant disparaître les protagonistes invisibles comme ses sœurs et mettant en avant les personnalités marquantes, comme sa tante Marie-Louise. Celle-ci, réfugiée aux États-Unis, avait tiré sur le président chilien, son amant. Niki de Saint Phalle fait un écho immédiat avec les tirs de sa pratique artistique, « des meurtres sans victimes », répète-t-elle. L’autobiographie dévoile une artiste en gestation qui puise sa force, ses obsessions, ses attentes et ses garde-fous dans cette histoire familiale brutale, qu’elle raconte sans pudeur. Sans pudeur est également la suite de cette autobiographie dans Harry et moi, soit les dix années de vie commune avec Harry Mathews.
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Enfance de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Niki de Saint Phalle, Traces. Autobiographie, 1930-1949 (vol. I) et Harry et moi, 1950-1960 (vol. II), La Différence, 30 € chacun.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Enfance de l’art