Août 1949 : le mensuel Life Magazine titrait : « Jackson Pollock est-il le plus important des peintres vivants aux Etats-Unis ? » Jackson Pollock est en fait l’un des artistes les plus controversés du XXe siècle.
Mais c’est aussi le peintre le plus important de sa génération et le premier expressionniste abstrait américain à être pris au sérieux en Europe. L’acteur américain Ed Harris rend aujourd’hui hommage au peintre et à son époque dans Pollock, le film qu’il vient de diriger et dans lequel il interprète le rôle de l’artiste. « J’ai perdu la notion du temps en me consacrant durant dix ans à la façon d’aborder ce sujet, explique-t-il, ce fut un travail très dur, d’une part parce que j’avais pris la décision de faire la mise en scène moi-même, d’autre part parce que j’avais l’obsession de ne pas trahir la mémoire de Pollock, qui oscillait entre de grandes ambitions et de profondes incertitudes ». Tout a réellement commencé lors d’une fête. « Le jour de mon anniversaire, en 1986, mon père m’a offert un livre de Pollock et m’a dit que je devrais réaliser un film sur lui. L’année suivante, il a insisté et m’a offert sa biographie. Notre ressemblance a dû l’encourager. Moi aussi j’ai été un grand buveur. J’ai lu le livre et l’ai trouvé très intéressant. Peu à peu j’ai été pris au piège et j’ai commencé à imaginer comment raconter mes impressions. Quand j’ai vu la première peinture de Pollock dans les années 80, je n’ai pas su qu’en penser. Avec le temps, le travail de Pollock a été de plus en plus apprécié. Il n’aimait pas en parler et c’est quelque chose en lui qui me plaisait ».
En réalité, Pollock était un homme extrêmement silencieux. Comme le dit son épouse Lee Krasner, « c’était un homme extrêmement tranquille qui observait énormément ». Jackson Pollock était né dans le Wyoming où il avait connu une existence difficile. « J’ai voulu éviter de réaliser un film psychanalytique. J’ai choisi un point de vue sobre sans effets spéciaux ou trucages cinématographiques, une histoire simple, d’une personnalité complexe qui ne s’imposait aucune limite ».
Le film a été principalement tourné dans la résidence de l’artiste, à Long Island, et dans une reconstruction de son appartement de Greenwich Village. La mise en scène évite les pièges du sensationnalisme pseudo-romantique ou la sensiblerie. Elle montre la souffrance de Pollock avec sobriété, comme les relations qu’il a eues avec Peggy Guggenheim, sa patronne, ou avec celle qui sera son épouse, l’artiste peintre Lee Krasner qui a mis son travail « en attente » pour nourrir le génie de son époux. De son coté, Ed Harris a toujours aimé dessiner, mais n’avait jamais peint. Dans le film, il réalise lui-même et de manière convaincante les fameux drippings. Pour jouer le rôle de Pollock, il a appris à peindre, au point de connaître avec exactitude son processus créatif, processus complètement révolutionnaire qui a déconcerté à son époque et que montre bien le superbe film de Hans Namuth à l’époque. Pollock était capable de peindre 20 peintures en 20 jours.
Il préférait souvent les bâtons aux pinceaux et se mettait dans un état identique à la transe lorsqu’il travaillait. « Dès le moment où j’ai décidé de réaliser ce film, je me suis mis à peindre, confesse Harris. J’ai fait construire un atelier très spacieux pour pouvoir travailler les grands formats et pendant plus de quatre ans, j’ai suivi des cours de peinture pour savoir ce que ressentait Pollock ».
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Ed Harris dans la peau de Jackson Pollock
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Ed Harris dans la peau de Jackson Pollock