Les philosophes n’ont pas toujours traité de l’art comme d’un objet qui les valoriserait à bon compte, et n’ont pas toujours négligé l’idée que le discours esthétique ne vaut, lui aussi, que par la qualité de son style.
"Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut y joindre le goût", note Diderot dans ses Pensées détachées, qui restent, comme ses Salons, un modèle du genre. L’amitié et le respect qu’il a pour les peintres l’engagent à toujours dire la vérité, aussi cruelle soit-elle, et dût-il, à l’occasion, changer d’avis. L’arrière-plan esthétique est chez lui assez bien établi pour qu’il puisse saisir l’actualité des Salons dans toute leur relativité, mais aussi avec toutes les promesses dont ils sont riches.
Rougir de plaisir
Si les formules abondent ("Les excellents ne sont que bons, les bons sont médiocres, et les mauvais sont détestables"), qui peuvent sembler parfois abruptes ou injustes, Diderot continue lors de ses visites à vouloir "apprendre à sentir". L’exercice, il le sait, n’est pas seulement difficile, la critique souffre de sa fonction même : "La sotte occupation que celle de nous empêcher sans cesse de prendre du plaisir ou de nous faire rougir de celui que nous avons pris !" Mais par le dialogue fictif ou réel qu’il entretient avec Grimm ou tel ou tel autre critique, Diderot trouve toujours les moyens d’adresser son discours et de lui donner l’ampleur ou la modestie qui convient. Cette édition des Salons, établie à partir des œuvres complètes Dieckmann-Varloot, offre, outre quelques illustrations choisies, toutes les annotations utiles à la compréhension du texte.
Diderot, Salons, Éditions Hermann ; Tome III : Ruines et paysages, Salon de 1767, 576 p., 120 F ; Tome IV : Héros et martyrs, 484 p., 120 F.
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Diderot, Salons
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Diderot, <em>Salons</em>