C’est à partir d’une « émotion intense » ressentie face à La Ronde des prisonniers de Vincent van Gogh que Rémy Cabrillac s’est demandé « si [sa] formation juridique influençait [ses] émotions artistiques. »
Pour explorer cette question, il a invité une trentaine de juristes à faire parler les leurs à partir d’une œuvre de leur choix. La plupart sont classiques ou modernes, beaucoup de peintures – des primitifs flamands à Kandinsky, en passant par le Caravage, Arcimboldo ou Raoul Dufy – et quelques sculptures. Si la diversité de leurs approches permet de voir les œuvres sous un angle nouveau, on regrette que la dimension émotionnelle soit quasi absente, au profit d’une analyse juridique, et souvent littérale, de l’œuvre. Ainsi, Le Contrat de mariage de Mariano Alonso-Pérez est analysé au prisme des réalités sociales du mariage de l’époque, tandis qu’Élise Charpentier et Simonne Pichette soulèvent l’idée que « le juriste ne peut pas faire abstraction de la condition de ces femmes » à propos d’une toile orientaliste de Benjamin Constant. D’autres s’intéressent à la manière dont les représentations artistiques traitent de sujets punis par la loi aujourd’hui, l’inceste à travers Loth et ses filles de Rubens, ou le traitement de l’animal via le Bœuf écorché de Rembrandt. Si l’art contemporain est peu représenté, Jean-Baptiste Seube propose un texte intéressant qui envisage trois questions à partir d’une œuvre de Banksy : « la pénalisation du street art, la propriété de l’œuvre et l’anonymat de l’artiste », tandis qu’Agnès Robin consacre un texte à La Nona Ora de Maurizio Cattelan, cette sculpture hyperréaliste représentant Jean-Paul II touché par une météorite. On y déplore un certain dédain vis-à-vis de la pratique de l’artiste, témoignant d’une certaine méconnaissance du champ actuel de l’art contemporain.
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Des juristes parlent d’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Des juristes parlent d’art