Qu’est-ce que l’art, sinon ce qui provoque du sens et de l’émotion ? D’accord donc pour parler de l’art de la peinture, de l’art de la musique et de celui de l’architecture, mais pour « l’art de la guerre » ?
C’est pourtant bien la terminologie malheureusement admise, comme le rappelle le titre d’un ouvrage récemment paru : L’Art de la guerre, l’École militaire à Paris (Flammarion, 264 p., 250 ill., 75 €). Car, que peut-il y avoir d’artistique à semer le désordre et la confusion ? S’il y a un art ici, c’est en revanche celui de l’édition : le livre est superbe. Même le général d’armée Jean-Louis Georgelin, grand chancelier de la Légion d’honneur depuis 2010 – il a remis au président Hollande le grand collier de la Légion d’honneur lors de son investiture en 2012 –, s’en émeut dans sa préface, qui parle d’« un ouvrage magnifique » servi par une « plume savante et incisive » (celle de son auteur, le général de corps d’armée Pierre Garrigou Grandchamp) accompagnée « avec brio et raffinement, par les superbes photographies enchâssées dans une mise en page somptueuse ». Rien, dans le propos du préfacier cinq fois étoilé, n’est exagéré : l’écriture est d’une parfaite précision s’agissant de décrire l’architecture dessinée par Ange-Jacques Gabriel, l’architecte de Louis XV chargé de bâtir l’École militaire ; les reproductions (plans, tableaux, armes et vêtements) sont soigneusement servies en pleine page – le lecteur croirait toucher du doigt le portrait de Gabriel par Greuze – ; quant à la campagne photographique réalisée par Francis Hammond pour illustrer le livre, elle se substituerait presque à la visite des lieux. Passe d’armes éditoriale, les éditions Gallimard et le ministère de la Défense consacrent, au même moment, un bel ouvrage à L’Âge d’or de la cavalerie (288 p., 280 ill., 49 €). Le propos n’est plus l’hommage à une institution – qui a, au moment de la réunion des forces armées à Balard, valeur de plaidoyer –, mais de raconter l’histoire d’un corps : la cavalerie, de la chevalerie médiévale à son chant du cygne avec la Première Guerre mondiale.
Le nombre des articles et celui des contributeurs, historiens issus cette fois du civil, fait la portée scientifique et non plus monographique du livre tout aussi « magnifique » que le premier, qui arbore comme une décoration sur sa couverture la formule consacrée : « Sous la direction de Frédéric Chauviré et Bertrand Fonck ». Comme pour signaler un ouvrage digne d’être enseigné en école d’art de la guerre…
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De l’art cinq étoiles de la guerre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : De l’art cinq étoiles de la guerre