PHOTOGRAPHIE - Mardi 5 juillet, 19 h 37. Le téléphone sonne. « Allô, c’est Philippe… Twombly est mort. » Par la voix lourde de tristesse de Philippe Piguet, la nouvelle tombe comme le couperet de la guillotine.
Nous en parlions ensemble la veille encore. Philippe avait eu, lui, la chance de l’approcher à Rome pour travailler à la rédaction du tome V de son catalogue raisonné des œuvres sur papier. Lui comme moi rêvions d’obtenir une interview du maître réputé inaccessible, n’accordant jamais d’entretien. « Je ne sais pas, c’est une question compliquée, très compliquée... Il nous faudrait beaucoup de temps et du calme », avait répondu l’artiste au journaliste du Monde lors de l’inauguration du plafond de la salle des bronzes du Louvre, en mars 2010. Propos laconiques dont le journal s’était contenté, bien heureux déjà de cet anti-entretien intitulé « Cinq minutes au Louvre avec le peintre Cy Twombly ».
Cy Twombly disparu, il nous reste son œuvre. Un œuvre certes muet mais immense, sans nul autre pareil. Celui d’un peintre américain né à Lexington en Virginie en 1928, ami de Rauschenberg, Kline, Jasper Johns, de John Cage et Merce Cunningham, et pourtant parti vivre à Rome en 1959 au contact direct de l’Histoire. Dès lors l’Antiquité ne cessera plus d’habiter son travail. Dès lors, Twombly occupera une place à part dans l’histoire.
Et l’on connaît bien son œuvre peint, fait de taches, de traces et de coulures, de cette écriture primitive au style si personnel commenté par Roland Barthes et Marcelin Pleynet. On connaît en revanche moins son travail de sculpteur ; moins encore, en France, celui de photographe. Et c’est ce dernier que Twombly avait choisi d’exposer à la collection Lambert en Avignon [lire p. 90], jusqu’au 30 octobre, exposition que l’artiste, diminué, n’avait pas pu voir. Comme pour ouvrir de nouveaux chemins dans l’exégèse de son legs, en prenant soin d’indiquer au passage quelques pistes à explorer en associant à son nom ceux de photographes de sa propre mythologie : Degas, Brancusi, Sally Mann son amie, Ed Ruscha, Douglas Gordon…
Twombly disparu, reste aussi cette exposition et son catalogue en deux volumes édité par Actes Sud. Dans l’un, les photos du maître : natures mortes, portraits, scènes d’intérieur… Dans l’autre, les clichés de ses invités. Un ruban bleu imprimé « Le temps retrouvé », titre de l’exposition, relie les deux albums. Un ruban comme un brassard de deuil porté à la couleur du plafond du Louvre.
Catalogue d'exposition, Le Temps retrouvé, Cy Twombly photographe & artistes invités, Actes Sud, 384 p., 230 ill., 49 €.
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Catalogue d'exposition - Le Temps retrouvé, Cy Twombly photographe & artistes invités
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°638 du 1 septembre 2011, avec le titre suivant : Catalogue d'exposition - <em>Le Temps retrouvé, Cy Twombly photographe & artistes invités</em>