Buffet, un Lamy qui lui veut du bien

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 mars 2008 - 278 mots

Rarement peintre aura autant suscité le chaud et le froid que lui. Promis à vingt ans à un bel avenir, aimé du public, collectionné par quelques grands noms – à sa mort en 1951, Girardin possédait déjà vingt-trois tableaux de cet artiste né en 1928­ –, soutenu corps et âme par son galeriste Maurice Garnier, consacré au Japon par un musée personnel, Bernard Buffet a parallèlement été la cible d’une critique d’art extrêmement féroce. « Pas d’émotion, pas d’invention, au-delà d’un immense savoir-faire », lisait-on dans Le Monde du 6 octobre 1999, le surlendemain de son suicide. Pourtant, en 1949, Plaisir de France mettait déjà le peintre en garde : « Si ce jeune artiste se laisse émouvoir par un succès trop rapide, il perdra vite ses qualités actuelles. » Aux yeux de la critique, il les a très vite perdues.

D’abord, Buffet n’a fait que peindre toute sa vie du Buffet, et à la chaîne en plus (huit mille toiles environ). Bernard Dorival, conservateur du Musée d’art moderne où il est banni, a écrit à son propos qu’il disputait à la régie Renault le record de la productivité. Un comble pour un artiste qui préférait de loin sa Rolls Royce à la marque aux losanges ! Un signe de richesse qu’il a d’ailleurs payé cher, autant que son intempérance. Dans une France acquise à l’art abstrait, pouvait-il par exemple déclarer impunément : « Ce sont des intellectuels fatigués qui ont inventé cette orgueilleuse formule » ? Dans sa biographie, Jean-Claude Lamy laisse au lecteur le soin de répondre à cette question. Et finalement de choisir son camp…

Jean-Claude Lamy, Bernard Buffet, le samouraï, Albin Michel, 270 p., 22 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°601 du 1 avril 2008, avec le titre suivant : Buffet, un Lamy qui lui veut du bien

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque

GESTION DES COOKIES