Rarement peintre aura autant suscité le chaud et le froid que lui. Promis à vingt ans à un bel avenir, aimé du public, collectionné par quelques grands noms – à sa mort en 1951, Girardin possédait déjà vingt-trois tableaux de cet artiste né en 1928 –, soutenu corps et âme par son galeriste Maurice Garnier, consacré au Japon par un musée personnel, Bernard Buffet a parallèlement été la cible d’une critique d’art extrêmement féroce. « Pas d’émotion, pas d’invention, au-delà d’un immense savoir-faire », lisait-on dans Le Monde du 6 octobre 1999, le surlendemain de son suicide. Pourtant, en 1949, Plaisir de France mettait déjà le peintre en garde : « Si ce jeune artiste se laisse émouvoir par un succès trop rapide, il perdra vite ses qualités actuelles. » Aux yeux de la critique, il les a très vite perdues.
D’abord, Buffet n’a fait que peindre toute sa vie du Buffet, et à la chaîne en plus (huit mille toiles environ). Bernard Dorival, conservateur du Musée d’art moderne où il est banni, a écrit à son propos qu’il disputait à la régie Renault le record de la productivité. Un comble pour un artiste qui préférait de loin sa Rolls Royce à la marque aux losanges ! Un signe de richesse qu’il a d’ailleurs payé cher, autant que son intempérance. Dans une France acquise à l’art abstrait, pouvait-il par exemple déclarer impunément : « Ce sont des intellectuels fatigués qui ont inventé cette orgueilleuse formule » ? Dans sa biographie, Jean-Claude Lamy laisse au lecteur le soin de répondre à cette question. Et finalement de choisir son camp…
Jean-Claude Lamy, Bernard Buffet, le samouraï, Albin Michel, 270 p., 22 euros.
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Buffet, un Lamy qui lui veut du bien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°601 du 1 avril 2008, avec le titre suivant : Buffet, un Lamy qui lui veut du bien