Art moderne

Bonnard / Vuillard. Correspondance

Par Valérie Marchi · L'ŒIL

Le 1 mai 2001 - 353 mots

Edouard Vuillard et Pierre Bonnard ont fait leurs classes en 1889 dans les ateliers de l’académie Julian et de l’Ecole des Beaux-Arts. Une indéfectible amitié naît de leur rencontre, jalonnée d’une abondante correspondance qui s’étend de 1891 à 1940. 

Si l’échange de lettres entre Bonnard et Matisse (publié en 1991 par Gallimard) est le fait de deux peintres mûrs, le lien qui unit ici les deux artistes nabis est plus fraternel, l’image d’une amitié solide, sans ruptures. Les lettres de la fin du XIXe siècle retentissent de l’excitation des premières ventes, des premières louanges recueillies dans la presse, des publications de leurs dessins et gravures dans la Revue Blanche. Les deux amis échangent leurs impressions sur les expositions qu’ils ont vues, les pays qu’ils visitent, partagent la même admiration pour Gauguin et les estampes japonaises. Au fil des lettres, Maurice Denis, Emile Bernard, Paul Ranson, Paul Sérusier, Ker-Xavier Roussel, Ambroise Vollard, Aristide Maillol sont tour à tour conviés, ainsi que tout le milieu de l’art dans lequel ils évoluent lorsqu’ils ne se retirent pas à la campagne. Leurs propos courtois révèlent une grande pudeur, une retenue dans l’expression qui masque la chaleur d’une vraie relation empathique : « Je suis moi-même dans un léger marasme auquel votre absence n’est peut-être pas étrangère, je ne supporte pas tout seul à Paris la vie de l’artiste désintéressé. J’ai besoin de causer art avec de vrais frères, comme vous » (Bonnard à Vuillard). Face aux confidences, à l’humour, à l’intérêt qu’ils manifestent l’un pour l’autre, la distance du vouvoiement s’annihile : « J’ai fait une petite peinture excessivement sage. Deviendrais-je classique ou ramolli ? » ou « Je ne désespère pas de comprendre quelque chose à la peinture à l’huile » (Bonnard). Leur amitié est aussi ponctuée des portraits et photographies qu’ils réalisent l’un de l’autre. Ainsi, lorsque Bonnard apprend la mort de son compère en 1940, il a ses mots : « Je crois par moments que ce n’est pas vrai et que je vais revoir son sourire dans sa barbe blanche ».

- Bonnard/Vuillard. Correspondance, éd. Antoine Terrasse, éd. Gallimard, 120 p, 135 F.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°526 du 1 mai 2001, avec le titre suivant : Bonnard/Vuillard. Correspondance

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