100 ans de design

Le XXe siècle est bien celui de la célébration du design, cette qualité dont la définition reste singulièrement floue mais qui a néanmoins envahi la vie des objets quotidiens comme pour mieux faire écho à la remarque  de Theodor Adorno : « L’inutile est usé jusqu’à la corde, mais ce qui n’est qu’utile est désolant. » 100 ans de design retrace donc un siècle d’histoire des formes, de la bouche de métro Art nouveau parée de lianes de fonte dessinée par Guimard aux armoires sur roulettes de Jasper Morrison. Plus de quatre-vingts portraits de créateurs (on note le choix d’une grande majorité d’Anglo-Saxons) sont accompagnés de quelques chapitres sur des mouvements, des matériaux ou des manifestations qui ont marqué l’esthétique du siècle : le Bauhaus, l’utilisation de l’acier tubulaire, du plastique ou du contreplaqué moulé, le rôle des Triennales de Milan ou de la firme Sony. Il y a, bien sûr, les stars dont le talent incontesté a produit des objets plagiés dans le monde entier : Frank Lloyd Wright ou Le Corbusier, Philippe Starck et Ettore Sottsass. Mais il y a aussi une petite dizaine de noms moins connus du grand public, tels le Suédois Bruno Mathsson (1907-1988), dont la célèbre chaise Eva (1934), conçue en bouleau courbé reste un des classiques du design contemporain, le Britannique Wells Coates (1895-1958) ou l’Américain Donald Deskey (1894-1989) qui exercèrent une forte influence sur le design industriel. Finalement, en nombre d’années, le chemin parcouru est long.
En terme d’évolution des formes, il est loin d’être linéaire et l’on prend conscience que la chaise longue B 306 de Le Corbusier et Charlotte Perriand (1928) au service à thé en argent, ébène et plexiglas de Marianne Brandt (1924) réédité par Alessi, la modernité est intemporelle. Le design, tout compte fait, ne serait-il pas l’exact opposé de la mode ?