Les ventes organisées en décembre par Sotheby’s ont été un grand succès et, en même temps, une grande désillusion. Les résultats obtenus n’ont pas permis de rattraper le retard pris après les ventes de Genève par rapport à Christie’s, qui dépasse Sotheby’s en Suisse en 1994.
ZURICH - Le total des ventes de Christie’s pour l’ensemble de la Suisse atteint environ 139 millions de francs suisses (566 millions de francs français) en 1994, contre 134 millions de francs suisses (545 millions de francs) l’année précédente. Ce score aboutit à une part de marché d’environ 51 %, alors qu’elle n’était que de 37 % en 1993. Pour Sotheby’s, le total des ventes chute d’environ 230 millions de francs suisses (936 milions de francs) en 1993, année marquée par d’importantes ventes de bijoux, à environ 135 millions de francs suisses (549 millions de francs) .
Lors des vacations de décembre chez Sotheby’s Zurich, le meilleur résultat, 3,26 millions de francs suisses (13,3 millions de francs), a été obtenu par la vente de mobilier. Les quatre lots les plus importants se sont vendus chacun à plus de trois fois leur estimation. Par pur hasard, le catalogue comportait trois paires de commodes de Michael Kimmel, le grand ébéniste rococo de Dresde. À ce sujet, on doit noter une certaine exagération dans les descriptions de catalogues que l’on retrouve un peu partout. Beaucoup d’experts appellent "paires de commodes" des meubles souvent de dimensions inégales, et dont les bronzes sont divers.
Il serait plus sage de parler de deux commodes et non d’une paire. L’effet en serait certes moins prestigieux, mais plus sérieux. La paire, ou plutôt nos deux commodes les plus importantes, se vendirent pour 419 000 francs suisses (1,7 million de francs). Ces bons résultats s’expliquent aussi par la provenance irréprochable de ces meubles, sortis de vieilles collections allemandes. Le reste de la vente, comportant du mobilier aussi bien allemand ou italien que français, se vendit très bien, à l’exception d’un bureau à cylindre de David Roentgen, qui avait un peu trop souvent changé de propriétaires ces vingt dernières années.
La vente de peinture suisse obtint elle aussi de bons résultats avec un total de 3,16 millions de francs suisses (13 millions de francs). Si les ventes de meubles attirent une clientèle plus internationale, celles de peinture suisse sont beaucoup plus limitées à un public typiquement helvétique. Liotard, Hodler et Tinguely sont les seuls artistes suisses qui ont une audience au-delà de leurs frontières, et certains artistes comme Giacometti qui ont toujours travaillé en-dehors de leur pays, peuvent difficilement être considérés comme typiquement helvétiques. Un tableau de Anker, au sujet exaltant les charmes de l’enfance pauvre et laborieuse, cher à l’artiste se vendit pour 509 000 francs suisses (environ 2 millions de francs), et un très beau paysage du Rhône de Hodler atteint 454 400 francs suisses(1,8 millions de francs).
La vente de porcelaine fut plus difficile avec seulement 66,6 % de vendus en valeur pour 46 % des lots. Il est à noter que Christie’s n’a pas tenu sa traditionnelle vente de Genève dans ce domaine. Le marché, certes réduit, semble être à la recherche d’un second souffle. Les travaux de couture de grand luxe ont cependant toujours des adeptes ; un dé à coudre de Meissen, de 1735, s’est vendu cinq fois son estimation pour 51 750 francs suisses (environ 211 000 francs).
Sotheby’s a également tenu une vente de vins et de cigares qui a totalisé 1,025 million (4,1 millions de francs), soit un montant global pour l’ensemble des ventes de Zurich dépassant 8 millions de francs suisses (32,56 millions de francs).
1. Albert Anker Reisigsucher, huile sur panneau, 81,5 x 65,5cm, Sotheby’s Zurich, 8 décembre, 509 900 FS, 2 000 000 FF, (Est. 450-550 000 FS)
2. Paire de commodes, parqueterie de bois d’amarante, attribuées à Michael Kimmel et entourage, Dresde vers 1750, Sotheby’s Zurich, 7 décembre, 419 500 FS, 1 700 000 FF, (Est. 120-150 000 FS)
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Zurich Duel serré
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Zurich Duel serré