VENISE / ITALIE
Malgré l’écart d’une semaine entre la Foire de Bâle et la Biennale de Venise, les galeries ont tenté de miser sur l’effet « vu à Venise ». La stratégie fut parfois porteuse.
Le galeriste bruxellois Xavier Hufkens a ainsi cédé en un tournemain les trois éditions d’une grande sculpture de Thomas Houseago, proposée pour la coquette somme de 250 000 euros. Or cet artiste, dont les œuvres valaient au maximum 90 000 dollars voilà encore trois ans, est depuis quelque temps la coqueluche des collectionneurs. Il siège actuellement en majesté dans la collection de François Pinault, aussi bien à la Pointe de la Douane qu’au Palazzo Grassi. Néanmoins, l’engouement avait déjà commencé avant la double exposition vénitienne de la Fondation Pinault. Ce d’autant plus que l’artiste a enchaîné cette année plusieurs événements muséaux, le prochain ouvrant le 3 juillet au Centre international d’art et du paysage de Vassivière, dans le Limousin. De son côté, le galeriste berlinois Max Hetzler a cédé à un collectionneur berlinois un escalier de Monica Bonvicini, de la même série que l’ensemble exposé en fin du parcours à l’Arsenal, à Venise.
Néanmoins, l’« effet Biennale » ne touche pas nécessairement tous les créateurs. Ainsi, la galerie Nature Morte (Berlin, New Dehli) n’a pas vendu les photos de Dayanita Singh, excellente artiste pourtant présente à l’Arsenal. Le galeriste berlinois Johann König a quant à lui cédé des photographies d’Annette Kelm, montrée à l’Arsenal, mais uniquement à des collectionneurs déjà connaisseurs de cette œuvre. « Je ne pense pas que l’effet Venise ait joué, ce d’autant plus qu’il y avait très peu d’Américains lors du vernissage de la Biennale alors qu’il y en avait beaucoup à Bâle », estime le galeriste. De même, les pièces de l’Argentin Adrian Villar Rojas, révélation de la Biennale, ont été emportées par des collectionneurs qui connaissaient et soutenaient depuis un moment son travail. En revanche, la présence de ce jeune artiste à la Sérénissime a eu pour effet d’exciter de nombreuses galeries, lesquelles se tirent désormais la bourre pour l’intégrer à leur écurie…
Art Basel plus sérieuse
Mais globalement, la Biennale ayant été de piètre qualité, les amateurs ne se sont pas rués sur les pièces labellisées « Venise ». « Je trouve qu’Art Basel était beaucoup plus sérieuse que la Biennale, qui est “too much” », confiait ainsi le collectionneur allemand Christian Boros. Art Basel a même réussi à bien mieux présenter les œuvres que l’exposition internationale. Ainsi la vidéo Bolos de Mohamed Bourouissa, installée sur « Art Unlimited » par le galeriste parisien Kamel Mennour, respirait autrement mieux que dans l’enfilade de l’Arsenal, lieu de déambulation impropre à la vidéo. Il est ironique qu’un espace commercial parvienne à offrir une configuration meilleure qu’une plateforme d’exposition… Malgré tout, certains acteurs du monde de l’art avaient réussi à capter à l’Arsenal quelques images de ce faux documentaire projetant des fantasmes sur le monde interlope des cités. Mais en regardant la vidéo de Bourouissa de manière plus appropriée à Bâle, la Tate, à Londres, a décidé de présenter la pièce en commission d’achat.
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Vu à Venise, peut-être acheté à Bâle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : Vu à Venise, peut-être acheté à Bâle