Violaine de Labrosse-Ferrand revient sur la vente Gérard Oury orchestrée par Artcurial les 20 et 21 avril.
Quels sont les points forts de la collection Gérard Oury (1919-2006) proposée à la vente les 20 et 21 avril chez Artcurial ?
Elle est très centrée sur Raoul Dufy, avec une centaine de tableaux et dessins au total. C’est une véritable histoire d’amour, dans tous les sens du terme, qui s’est établie entre le collectionneur et le peintre. Cette histoire a commencé lorsque Gérard Oury était enfant. Sa mère Marcelle, qui était passionnée d’art, l’emmenait partout chez ses amis les peintres, notamment dans l’atelier de Dufy.
Quel collectionneur était Oury ?
Il suffit de feuilleter le catalogue pour se rendre compte de l’homogénéité de son goût : la couleur, la gaieté et le trait de l’artiste prévalent partout. C’était aussi un collectionneur persévérant : il n’a eu de cesse, au fil du temps, d’affiner et d’améliorer sa collection, achetant directement aux artistes autant qu’en ventes publiques. J’ai fait sa connaissance en 1990, lorsqu’il a acquis pour 855 000 euros à l’étude Briest l’important tableau de Dufy, Les Deux Modèles (1930), dont il s’est séparé depuis.
Le marché peut-il absorber autant d’œuvres de Dufy en une vente ?
Nous avons exposé ces œuvres à New York, Cologne, Zurich et Bruxelles et, à chaque étape, nous avons rencontré de fervents amateurs et collectionneurs de Dufy. L’étendue des thèmes abordés par l’artiste séduit d’ailleurs un large spectre d’amateurs : ceux attirés par les scènes de course ou les régates, ceux qui préfèrent la période fauve… Par le passé, sur les trois ventes de l’ancienne collection Louis Carré qui ont eu lieu chez Artcurial en décembre 2002, 75 œuvres de Dufy ont trouvé preneur dans d’excellentes conditions. Cette vente a, en outre, l’avantage d’offrir un éventail d’œuvres accessibles à tous types d’acheteurs : depuis des dessins à partir de 800 euros jusqu’à un tableau cézannien à 500 000 euros.
Dans quelle mesure avez-vous tenu compte de la crise ?
Sur le plan des estimations des œuvres, que nous avons réajustées pour certaines d’entre elles.
On peut avoir l’impression d’une facilité dans l’œuvre de Dufy. Est-ce votre avis ?
Je dirais plutôt qu’il s’agit d’une légèreté et d’une pure joie de peindre, soutenues par une technique désormais reconnue. Ses compositions sont recherchées. Les éléments ne sont jamais posés au hasard dans ses tableaux. L’exposition monographique sur l’artiste qui s’est achevée en début d’année au Musée d’art moderne de la Ville de Paris – où certaines œuvres de cette collection ont figuré –, l’a parfaitement démontré.
Quels sont les lots phares de la vente du soir ?
Bateaux et barques aux Martigues de 1907-1908 (est. 500 000 euros), de la période cézannienne de Dufy ; le tableau fauve Les Baigneurs de 1907 (est. 150 000 euros), ainsi qu’une étude pour La Grande Baigneuse, vers 1914 (est. 350 000 euros), grande gouache qui est, selon moi, une des œuvres les plus fortes de la vente. Ces pièces vont intéresser les plus grands collectionneurs d’art moderne.
Que propose la deuxième partie de la vente ?
Beaucoup de dessins de Dufy, notamment d’intéressantes planches comportant plusieurs études de compositions à la mine de plomb, regroupées par thèmes et encadrées, estimées 2 000-3 000 euros chacune. Ces planches ornaient les portes de l’appartement parisien de Gérard Oury. Nous présenterons également de nombreuses œuvres de Jacques Villon et de Marcel Gromaire qu’Oury affectionnait particulièrement depuis longtemps. Enfin, il y a un ensemble d’une trentaine d’estampes de Dufy et Villon, sa bibliothèque comprenant de nombreux ouvrages dédicacés et du mobilier classique qui décorait son appartement.
« Collection Gérard Oury », vente les 20 et 21 avril à l’hôtel Dassault, 9, av. Matignon, 75008 Paris ; expositions publiques : du 14 au 19 avril 11h-19h, tél. 01 42 99 20 20, www.artcurial.com; 309 lots estimés 5 à 6,5 millions d’euros.
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Violaine de La Brosse-Ferrand, directrice associée d’Artcurial, spécialiste en art moderne, Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°301 du 17 avril 2009, avec le titre suivant : Violaine de La Brosse-Ferrand, directrice associée d’Artcurial, spécialiste en art moderne, Paris