Le Salon international d’art asiatique, qui s’est tenu à l’hôtel Dassault du 5 au 8 octobre, a voulu se placer dès sa première édition sous le signe de la qualité. De l’avis unanime des marchands et galeristes exposants, la grande majorité des œuvres présentées était incontestablement de très haut niveau. Mais le ralentissement économique et les événements du 11 septembre ont rendu les décisions d’achat plus délicates et empêché que la fête soit complète.
PARIS - La création d’un Salon international dédié aux arts asiatiques a été saluée par les marchands et galeristes présents, conscients du nouvel élan donné à leur spécialité. Élan déjà amorcé par la réouverture du Musée Guimet qui a suscité un regain d’intérêt du public pour les arts de l’Asie. Myrna Myers situe, elle, la redécouverte de cette spécialité à Paris à cinq ans. Plusieurs grandes expositions au Grand Palais, au Musée Cernuschi ou à la Maison de la culture du Japon ont fait date, et, depuis quatre ans, l’Automne asiatique attire l’attention de nombreux collectionneurs, événements qui ont tous contribué à redorer le blason de Paris dans cette spécialité.
Dans ce contexte, la plupart des exposants se sont félicités de l’organisation de la manifestation et de la qualité généralement haute des objets, de bon augure pour une première édition. Parmi les nombreux et très différents domaines présentés, ce sont les arts anciens de la Chine qui ont été plébiscités, avec une prédilection marquée des acheteurs pour des objets “classiques” : figurines ou animaux en terre cuite. Le nombre de visiteurs, avoisinant les 10 000 personnes, semble avoir satisfait la société Orlowski, organisatrice de l’événement, qui considère avoir atteint l’objectif de fréquentation fixé.
Un bilan commercial mitigé
Les exposants se sont montrés moins enthousiastes s’agissant du niveau d’affaires. La plupart évoquent un bilan commercial assez moyen durant la manifestation à l’exception de quelques-uns comme l’Artcade Gallery, satisfaite par les ventes réalisées. La galerie Knapton and Rasti, spécialisée en arts chinois, considère que les objets se sont vendus tant en raison de leurs qualités esthétiques et décoratives que de leurs prix raisonnables. Les belles collections de petits jades et de petits bronzes présentées, plus susceptibles d’intéresser des collectionneurs, n’ont, en revanche, pas trouvé preneurs. De fait, les visiteurs, particulièrement nombreux le dimanche, étaient pour beaucoup des promeneurs, plus que des collectionneurs. Gisèle Croës, qui proposait une remarquable sélection d’antiquités chinoises, n’a pas retrouvé sa clientèle habituelle mais pense avoir rencontré un public nouveau qui, grâce à cette première approche, pourrait rejoindre le bataillon de ses collectionneurs. Une opinion partagée par Myrna Myers qui confirme que les contacts qui se sont noués quelques jours après la fermeture du Salon pourraient s’avérer fructueux.
“C’est un succès d’estime”, estime pour sa part Annie Minet. La conjoncture économique, qui a rendu plus difficile depuis quelques mois l’activité des marchands d’art, a encore été perturbée par les événements du 11 septembre dernier. L’ambiance générale n’était donc pas à l’achat et les exposants, qui en étaient conscients avant même l’ouverture du Salon, savaient qu’il leur faudrait avant tout séduire un public curieux mais frileux. L’intérêt et l’accueil très positif pour les œuvres d’artistes contemporains chinois qu’il exposait semble avoir comblé William Goedhuis. La manifestation a permis de mieux faire connaître au public français un domaine qui ne lui est pas encore complètement familier. Mais les efforts réalisés pour présenter des pièces souvent remarquables – et donc très onéreuses – ont rendu toute décision d’achat dans l’instant plutôt hypothétique. Ainsi de John Speelman, lequel exposait des œuvres qui, bien qu’unanimement appréciées, étaient trop exceptionnelles pour être vendues en quatre jours.
Les marchands auraient presque tous fait connaître leur volonté de participer à une éventuelle nouvelle édition du Salon. Celle-ci devrait avoir lieu l’an prochain à la même période, les organisateurs ayant pour ambition d’en faire un rendez-vous annuel à l’image du Salon d’art tribal.
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Un succès d’estime
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : Un succès d’estime