Essai confirmé pour la deuxième édition de l’opération d’échange de galeries « Berlin-Paris » dont le volet parisien a débuté le 29 janvier.
Comme l’an dernier, la presse allemande s’est montrée enthousiaste et élogieuse. Avec une nuance inédite : le monde berlinois a remisé son nombrilisme au placard. « Cela ne fait pas de mal, quand on rappelle de temps en temps qu’il existe aussi d’autres scènes artistiques », souligne Astrid Mania sur le site Internet Artnet. « Que peut-on apprendre les uns des autres ? », s’interroge pour sa part Laila Niklaus dans le magazine berlinois Tip. Beaucoup apparemment, puisque les galeries allemandes se sont bousculées au portillon. Certaines ont bien compris que les collectionneurs français représentaient une manne à chouchouter en temps de crise, alors que l’axe atlantiste se révèle plus aléatoire.
Trois groupes d’amateurs, membres des associations d’Amis du Musée national d’art moderne, de la Maison rouge et de l’Adiaf, avaient ainsi fait le déplacement à Berlin. Si un bilan économique est aussi hasardeux que précoce, quelques participants ont d’emblée fait des affaires. La galerie berlinoise Wentrup a vendu un tableau d’Axel Geis aux Guerlain, tandis qu’un grand collectionneur de Cologne, ami du Musée Ludwig, a acquis deux dessins de Dove Allouche auprès du Parisien Gaudel de Stampa.
L’événement aurait toutefois intérêt à se renouveler l’an prochain afin de ne pas s’établir en « week-end des galeries » hivernal. Pour aguicher à nouveau les collectionneurs français et garder vivace l’intérêt des Berlinois, le programme d’échanges devrait être complété par d’autres types d’expositions. « Maintenant que des jalons sérieux ont été posés, que la crédibilité du projet et de notre action est avérée, il s’agit d’utiliser cette dynamique pour explorer de nouvelles pistes permettant le renforcement de notre action de valorisation de la scène artistique française à l’international », confirme Cédric Aurelle, directeur du Bureau des arts plastiques à Berlin. Cette évolution de la formule serait d’autant plus garante de sa pérennisation que les artisans et porteurs du projet ne seront pas ad vitam aeternam aux commandes. On sait trop bien qu’une idée incarnée par une personnalité peut être escamotée par son successeur. Et en l’espèce, il s’agirait d’une très grave erreur stratégique.
« Soutien symbolique »
La pérennité passe aussi par une réciprocité, de la part des collectionneurs allemands, que l’on souhaiterait voir plus nombreux à Paris, mais aussi sur le plan des autorités diplomatiques. Or l’ambassadeur d’Allemagne en France semble aux abonnés absents. Si son homologue français, Bernard de Montferrand, a invité tout le gratin berlinois à un cocktail dînatoire décontracté et bon enfant, le ministre plénipotentiaire germanique n’a prévu aucune réception à Paris pour rendre la politesse.
Pourtant, ce type de rassemblement se révèle très important pour les jeunes galeries, qui n’ont pas les moyens de leurs consœurs plus établies pour inviter les collectionneurs à dîner. Comme le remarquait le journaliste Christian Meixner dans Der Tagesspiegel, « un peu de soutien symbolique ne ferait pas de mal à un projet d’échange de longue haleine et au final peu onéreux, cela serait même bien. » À bon entendeur…
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Un projet d’échange de longue haleine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°318 du 5 février 2010, avec le titre suivant : Un projet d’échange de longue haleine