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Un parfum du faubourg Saint-Honoré

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2013 - 776 mots

Les galeries Patrice Bellanger, Éric Coatalem et Philippe Perrin s’associent le temps d’une exposition de sculptures, peintures et objets d’art du XVIIe au XIXe siècle.

PARIS - C’est sur une initiative inédite que Patrice Bellanger, Éric Coatalem et Philippe Perrin organisent, chacun dans leur galerie, une exposition programmée aux mêmes dates. Patrice Bellanger, parmi les très rares spécialistes de la sculpture européenne du XVIIe au XIXe siècle, prête même ses murs à Éric Coatalem. L’occasion pour ce dernier d’accrocher plus d’œuvres que dans ses espaces et aussi de renouer avec l’âme de la galerie Cailleux, dédiée à la peinture et dont Patrice Bellanger a investi les lieux en l’an 2000.

Patrice Bellanger réunit une quarantaine de sculptures faisant la part belle aux terres cuites françaises, italiennes et flamandes, des XVIIe et XVIIIe siècles. Éric Coatalem, lui, présente près de 60 tableaux de peintres français majeurs du Grand Siècle. « Tous les grands noms du XVIIe  sont là, sauf Poussin et le Lorrain », précise-t-il. Deux catalogues ont été édités, l’un pour la peinture, l’autre pour la sculpture. Mais toutes les œuvres ne sont pas à vendre. Une dizaine de tableaux ainsi que trois sculptures ont été prêtés par des collectionneurs qui avaient acquis naguère ces œuvres auprès des mêmes marchands. « Nous ne sommes pas des épiciers. Pourquoi priver le public de les voir ? C’est un partage », commente Éric Coatalem, qui a souvent organisé des expositions non commerciales. Quant à Philippe Perrin, il s’est joint à l’événement sur la proposition d’Éric Coatalem. « Parfum d’Italie », sa première exposition centrée sur la peinture, est un voyage en Italie à travers des tableaux des XVIIIe et XIXe siècles. La galerie Perrin étant connue pour son commerce de mobilier ancien et d’objets d’art, « c’est l’occasion de dire que l’on fait aussi de la peinture », explique l’antiquaire.

Sculpture mal aimée
Dans la vaste galerie de Patrice Bellanger, un dialogue s’amorce entre sculptures et peintures. Et ce mélange est particulièrement réussi, les deux disciplines étant généralement présentées de façon très « cloisonnée ». Peinture et sculpture se répondent, tout en créant un contraste permettant de mieux voir chacune d’entre elles. Pour Patrice Bellanger, la sculpture a toujours été le parent pauvre de l’histoire de l’art. « Dans les musées, il y a plus de peinture que de sculpture, soutient le galeriste. Le conservateur du Getty Museum m’a dit un jour que la réputation d’un musée se faisait sur la peinture. C’est désolant ! Le public est toujours attiré par la peinture et, si on ouvre une galerie peinture/sculpture, on fait sa réputation sur la peinture. Seulement moi, je voulais faire ma réputation sur la sculpture ». « L’approche de l’histoire de l’art se fait à travers la peinture, jamais à travers la sculpture, domaine culturellement plus difficile à décoder et dans lequel les sujets sont plus limités. Cette inculture est aussi renforcée par le peu d’expositions et publications sur le sujet », poursuit-il.
Parmi les œuvres sélectionnées « d’après un goût personnel, toutes des coups de cœur, chacune importante dans son contexte », s’accordent à dire les galeristes : une Vierge à l’Enfant et saint Jean-Baptiste, un groupe en terre cuite réalisé par le sculpteur flamand Rombouts Pauwels, dit « Pauli » (vers 1650), très caractéristique de son style ; L’Adoration des mages de Claude-François Attiret, bas-relief en terre cuite, vers 1770, ou La Vierge préparant la bouillie de l’Enfant Jésus, tondo inédit de Jacques Stella daté 1651. Mais aussi Tête de Christ, une huile sur toile, très intense, de Simon Vouet, ou encore La Visitation, par Laurent de La Hyre, d’une grande finesse de touche, découverte dans son jus et jamais montrée sur le marché. Vendue par Éric Coatalem il y a plusieurs années, la toile a été prêtée pour l’exposition. Dès avant le vernissage, des œuvres ont été acquises, notamment par des collectionneurs étrangers.

À la galerie Perrin, dans des salles organisées par thème, on peut admirer deux grands panneaux d’Hubert Robert, L’Aube et Le Crépuscule (1776), huiles sur toile, des œuvres de Giovanni Paolo Pannini ainsi qu’une Vue des Jardins de la Villa d’Este, Rome (1843), de l’artiste suédois Gustav Wilhelm Palm, rapidement cédée.

Sculptures européennes, jusqu’au 11 mai, Galerie Patrice Bellanger, 136, rue du Faubourg-Saint-Honoré , 75008 Paris, tél. 01 42 56 14 50, www.patricebellanger.com, lun.-sam., 10h-18h30.

Peinture française et italienne du XVIIe au XiXe siècle, jusqu’au 11 mai, Galerie Éric Coatalem, 93, Faubourg-Saint-Honoré, tél. 01 42 66 17 17, www.coatalem.com, lun.-vend., 10h-13h et 14h-18h30, sam. sur RV.

Un parfum d’Italie, jusqu’au 11 mai, Galerie Perrin, 98, rue du Faubourg-Saint-Honoré, tél. 01 42 65 01 38, www.galerieperrin.com, lun.-sam., 10h-19h, dim. sur RV.

Légende photo

Hubert Robert, Le crépuscule, 1776, huile sur toile, 228 x 220 cm. Courtesy galerie Philippe Perrin, Paris

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°390 du 26 avril 2013, avec le titre suivant : Un parfum du faubourg Saint-Honoré

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