Pays-Bas - Foire & Salon

The European Fine Art Fair (TEFAF)

À Tefaf, l’art ancien reste majoritaire

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2023 - 864 mots

MAASTRICHT / PAYS-BAS

Malgré un fort contingent d’art moderne et contemporain, The European Fine Art Fair reste un bastion pour l’art ancien.

Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), dit Brueghel de Velours, Entrée de village avec marché aux bestiaux, 1612, huile sur bois, 56 x 84 cm. © Galerie de Jonckheere
Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), dit Brueghel de Velours, Entrée de village avec marché aux bestiaux, 1612, huile sur bois, 56 x 84 cm.
© Galerie de Jonckheere

Maastricht. La crise sanitaire n’aura pas eu raison des foires d’arts et d’antiquités. Après la Brafa (Bruxelles) qui a retrouvé ses dates originelles en janvier, c’est au tour de la manifestation hollandaise de reprendre sa place en mars, du 11 au 19, avec une sélection de 267 exposants (dont 13 nouveaux), venus de 20 pays différents. On se souviendra qu’elle avait dû fermer ses portes de manière anticipée en mars 2020 – de nombreux marchands ayant été contaminés par le Covid-19 – tandis que l’édition 2021 avait été annulée et que celle de l’an passé s’était tenue en juin, de manière plus concentrée, avec 243 galeries (contre 286 en 2020).

Les valeurs sûres du XXe

Si certaines foires généralistes ont tendance à octroyer de plus en plus de place à l’art du XXe siècle, parfois au détriment des arts anciens, ce n’est pas le cas de The European Fine Art Fair (Tefaf) dont les deux tiers des exposants officient dans l’art ancien. Pour autant, la section « Art moderne et contemporain » regroupe cette année 56 galeries. 22 d’entre elles participeront également à Art Basel en juin, un gage de qualité. Certains marchands importants sont bien présents comme Kamel Mennour (Paris), Continua (Paris, San Gimignano…), Karsten Greve (Cologne, Paris…), Daniel Templon, nouveau venu (Paris, Bruxelles), ou Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris), mais ils manquent les grandes galeries multinationales telles que Gagosian, David Zwirner, Thaddaeus Ropac ou Perrotin, qui ont opté pour la version new-yorkaise de la foire, en mai. 

Le spectre est large, depuis les débuts de l’art moderne jusqu’à des pièces très récentes, comme Touchstone, de Shahzia Sikander, datant de 2021, chez Sean Kelly (États-Unis). Nombreuses sont les galeries à mêler art moderne et art contemporain classiques, comme Landau (Suisse, Canada), Bailly Gallery (Paris, Genève), Van de Weghe (New York), Brame & Loranceau (Paris) ou encore Zlotowski (Paris), qui a apporté une nature morte de Le Corbusier datant de 1923, à côté d’un relief mécanique : Meta-Malevitch de Jean Tinguely (1954). L’art contemporain d’après-guerre est très présent également, comme chez Applicat-Prazan (Paris), venu avec des œuvres de Karel Appel, Georges Mathieu ou encore Serge Poliakoff quand Tornabuoni (Paris, Milan…) expose Lucio Fontana, Alberto Burri et Alighiero Boetti. Pour le reste, très peu de galeries exposent des œuvres d’artistes émergents. À Maastricht, elles s’abstiennent. Elles misent plutôt sur des œuvres d’artistes bien établis et sur des mouvements historiques, comme Supports-Surfaces, chez Ceysson & Bénétière (Paris, New York…). 

Les plus belles pièces d’art ancien réservées pour Tefaf

Si la place de l’art contemporain est limitée, c’est parce que l’art ancien reste la colonne vertébrale de la foire. Avec ses 189 exposants, les sections « Antiquités », « Peinture ancienne » et « Archéologie » – regroupant mobilier, objets d’art, dessins et tableaux anciens, sculpture, arts extra-européens ou encore joaillerie – sont en force. Dommage pour les autres foires généralistes, surtout les plus proches dans le temps car les marchands et les antiquaires gardent incontestablement leurs pépites pour Maastricht – la manifestation la plus réputée dans le domaine –, faute de pouvoir renouveler suffisamment leur stock. 
Dans les « Antiquités » – secteur le plus fourni –, ils sont cette année 97 marchands, comme en 2020. Certains ne sont pas revenus, comme Symbolic & Chase (Londres) ou Alberto di Castro (Rome) ; d’autres font leur entrée, comme les parisiens Univers du bronze et Nicolas Bourriaud. En « Peinture ancienne », section historique de la manifestation, ils sont 53 – un chiffre stable – avec peu de mouvement hormis chez les Français avec l’arrivée de Mendes (Paris), tandis que la galerie Talabardon & Gautier (Paris) a jeté l’éponge cette année pour se concentrer sur la vente d’une partie de son stock, fin mars à Paris chez Ader. Quant à la section « Design » – elle qui accueillait 20 marchands en 2020 – ils ne sont que 13. Les galeristes phares du secteur, les Parisiens François Laffanour, Philippe Jousse, Kreo (Paris, Londres), Éric Philippe ou encore Jacques Lacoste ne sont pas revenus. « Décider de participer ou non à une foire est une décision très difficile à prendre. Mais trois foires qui s’enchaînent (Maastricht, New York et Bâle). C’est trop. D’autant plus que je souhaite me reconcentrer sur ma galerie », explique François Laffanour. Visiblement, Tefaf n’est plus prioritaire pour certaines galeries. « Sans doute n’y trouvent-elles plus les clients appropriés et ont besoin d’aller les chercher ailleurs, dans d’autres foires », analyse un connaisseur du marché. 

Changement notable, cette 36e édition accueille une vingtaine d’exposants en moins par rapport à 2019 et 2020 – années pré-Covid. Un fait qui s’explique par « l’intégration des œuvres sur papier dans la partie principale de la foire, qui a eu des retours très positifs l’an passé, rendant l’espace du rez-de-chaussée encore plus compétitif », rapporte Bart Drenth, le nouveau directeur général monde de la manifestation. L’espace dégagé à l’étage a donc été réquisitionné pour installer la section « Showcase », qui, chaque année, donne sa chance à de jeunes galeries (entre 3 et 10 ans d’existence). Conséquence d’un espace plus vaste, la section compte désormais 10 marchands au lieu des 6 depuis sa création en 2008, une évolution appelée à durer. « Showcase est extrêmement populaire. Son concept est vraiment au cœur du système de valeurs de Tefaf, qui, en tant que fondation, a toujours considéré l’accompagnement des jeunes marchands émergents comme un élément central de sa mission », explique Bart Drenth. 

The European Fine Art Fair,

du 11 au 19 mars, MECC, Forum 100, 6229 GV Maastricht, Pays-Bas. www.tefaf.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : À Tefaf, l’art ancien reste majoritaire

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