Beau succès pour la vente de statuaire de jardin et de cheminées, malgré une agitation autour de deux lots.
PARIS - Les 31 mars et 1er avril, s’est tenue, pour la première fois chez Sotheby’s à Paris, une vente d’éléments d’ornementation de jardins et de décoration intérieure, dont 160 cheminées, provenant de la société spécialisée Origines, installée à Paris et à Houdan (Yvelines). Depuis de nombreuses années, l’auctioneer organise régulièrement des ventes dans ces domaines, à Amsterdam et à Londres.
Après deux vacations chez Artcurial en 2003 et 2007 répondant à un besoin de déstockage suite à un déménagement, Origines s’est adressé à Sotheby’s pour une troisième vente destinée, cette fois, à « générer de la trésorerie, suite à une baisse d’activité de la société », selon son gérant-fondateur Samuel Roger. Un peu plus de 40 % des 600 lots ont trouvé preneurs pour un produit de 3 millions d’euros. Selon le vendeur, « c’est un très bon résultat dans cette période de crise, compte tenu de la spécificité de la marchandise ». La plus haute enchère est allée à une importante fontaine en fonte de la seconde moitié du XIXe siècle, achetée par un particulier asiatique pour 300 750 euros, son estimation.
La pièce phare était pourtant une exceptionnelle cheminée néogothique autrichienne en terre cuite, aux armes des Habsbourg, estimée 300 000 à 500 000 euros, mais restée invendue. Sa mise en vente chez Sotheby’s avait déclenché une vive émotion en Autriche, s’agissant d’une redécouverte : une commande impériale de la fin du XIXe siècle pour l’hôtel de ville de Vienne. Jamais montée et vraisemblablement oubliée, la cheminée, dont on ignorait alors qu’il put s’agir d’un trésor national, fut acquise par Samuel Roger auprès d’un Viennois. Sa sortie du territoire ne nécessita aucun certificat d’exportation puisque cela n’est pas prévu pour ce type d’objet, dont la valeur (soit son prix d’achat) est inférieure au seuil déclaratif des 50 000 euros. Il reste toujours possible, pour l’État autrichien, un mécène ou un collectionneur, de l’acquérir après la vente.
Copies chinoises
Un autre lot a fait des vagues d’un autre genre. Une statue de jardin en marbre, intitulée La Baigneuse et estimée 35 000 euros, a été identifiée par les enfants du sculpteur Stephan Buxin (1909-1996) comme la contrefaçon d’une naïade en bronze exécutée en 1976 par leur père. Par précaution, Sotheby’s a aussitôt retiré la sculpture de la vente. Par une ordonnance de référé rendue le 31 mars 2010 par le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), l’œuvre a été mise sous séquestre chez Origines à Houdan, en attendant les résultats d’une enquête sur l’origine de l’œuvre. Suite à cet incident, certains ont crié à la prolifération de faux marbres réalisés en Chine, inondant le marché occidental.
Sur Internet, il est possible de passer commande de copies chinoises d’œuvres anciennes, tel un Michel-Ange jeune sculpteur d’Emilio Zocchi (1835-1913) dont un authentique exemplaire s’est vendu 39 150 euros chez Sotheby’s. « Les copies chinoises sont identifiables par des différences majeures de texture du marbre, de facture à cause du recours pour la taille à des outils modernes – souvent des machines industrielles –, et aussi parce que l’on constate des variantes dans le traitement des détails », indique Ulrike Goetz, spécialiste en sculptures chez Sotheby’s, qui est restée de marbre.
Estimation : 5 à 7 millions d’euros
Résultats : 3 millions d’euros
Lots vendus/invendus : 248/359
Lots vendus : 40,9 %
Pourcentage en valeur : 50,7 %
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Sur un air de printemps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°323 du 16 avril 2010, avec le titre suivant : Sur un air de printemps