Asie

Sotheby’s mène la danse

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 31 décembre 2014 - 551 mots

À Paris, inattendu et invendus ont jalonné la semaine asiatique qui a généré plus de 34 millions d’euros.

PARIS - En récoltant 12,2 millions d’euros (est. 3 ,3 à 4,8 millions d’euros), Sotheby’s domine la semaine (8-15 décembre) de ventes d’arts d’Asie. 72,9 % de lots ont été vendus, un taux habituel. La plus forte enchère est allée à une statuette en bronze doré de Shyama Tara attribuée à l’atelier de Zanabazar (Mongolie), fin du XVIIe, disparue du marché depuis soixante ans et qui s’est envolée à 3,4 millions d’euros (est. 200 000 à 300 000 euros) : la plus haute enchère pour une œuvre d’art asiatique en France pour 2014. Une autre statuette en bronze, un Bouddha Amitayus, a atteint 2,7 millions d’euros chez l’OVV Joron-Derem (est. 150 000 à 200 000 euros). Sa taille rarissime (56 cm) et son état de conservation ont joué en sa faveur. La veille, Christie’s récoltait 9,6 millions d’euros pour une estimation de 7 à 10 millions d’euros, avec un taux de vente de 67 %. La céramique y était à l’honneur avec un vase en porcelaine, de la famille rose à fond jaune, époque Jiaqing (1796-1820) vendu 625 500 euros (est. 100 000 à 150 000 euros) tandis qu’un autre en porcelaine bleu blanc, Fanghu, époque Qianlong (1736-1795) a été adjugé 541 500 euros (est. 120 000 à 150 000 euros).

Les vases Meiping s’envolent

Ce même jour, la maison Gros & Delettrez a vendu 1, 2 million d’euros un vase meiping en porcelaine pulvérisant son estimation initiale de 2 000 à 3 000 euros. « C’est une anomalie. Le marché a rectifié, à tort ou à raison », commente Pierre Ansas, expert de la vente. Autre surprise le 15 décembre chez Tessier & Sarrou (qui totalise 3,2 millions d’euros), un autre vase meiping en porcelaine (XXe), estimé 1 000 à 1 500 euros, s’est envolé à 2,1 millions d’euros. Chez Tajan, une peinture de Qi Baishi, représentant un coq, offerte en 1955 par le président Mao au grand-père du vendeur a été adjugée 660 000 euros, « de loin le meilleur résultat enregistré pour une peinture de l’artiste hors de Chine », selon Pierre-Alban Vainquant, commissaire-priseur (est.150 à 250 000 euros). Chez Artcurial, le 8 décembre, la vente a totalisé 1,2 million d’euros (est. 800 000 euros). Fait notable, une statue de Bouddha, en fonte de fer, de la dynastie Ming, a été préemptée par le Musée Guimet pour 32 200 euros (est. 10 000 à 15 000 euros). Le 12 décembre Piasa atteignait 500 000 euros (est. 400 000 euros), vendant une coupe libatoire pour 115 880 euros (est. 50 000 à 60 000 euros). « Le marché reste fort pour les objets importants, qui font des prix internationaux à Paris, mais les objets moyens ne se vendent plus. Les vendeurs font désormais la sélection et le pic de 2011 est loin derrière nous, quand tout se vendait et à n’importe quel prix », souligne Pierre Ansas. « Nous avons toujours une appréhension avant les sessions de ventes car l’économie chinoise n’est pas si extraordinaire en ce moment et il y a une forte lutte contre la corruption, ça peut facilement dérailler. Mais l’offre reste très importante », poursuit l’expert.

Note

(1) Les estimations sont hors frais et les résultats frais compris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : Sotheby’s mène la danse

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