La première « Singapore Art Fair » va tenter de trouver sa place dans un paysage asiatique déjà dense.
SINGAPOUR - L’idée est venue de Laure d’Hauteville. Après avoir lancé en 1998 une première foire dénommée « Artsud » dans la capitale libanaise, dont la dernière édition a eu lieu en 2005, elle crée en 2010 « Beirut Art Fair ». Dès la première édition, elle convie quelques galeries asiatiques. Deux ans plus tard, c’est la foire de Dubaï qui fait venir à son tour des galeries asiatiques. « Les collectionneurs du Moyen-Orient ont commencé à s’intéresser à la scène asiatique, observe Laure d’Hauteville. Réciproquement, les collectionneurs asiatiques se tournent vers l’art du Moyen-Orient, encore abordable et de bonne qualité. » En 2013, c’est un pavillon entier qui est consacré à l’Asie du Sud-Est lors de la foire de Beyrouth. Singapour, la Thailande, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines sont à l’honneur. L’idée d’une foire en Asie s’impose alors et Singapour semble être la destination idéale. « À l’image de Beyrouth qui est au carrefour de l’Orient et de l’Occident, Singapour est au cœur de l’Asie du Sud-Est, le choix s’est donc fait naturellement », poursuit-elle. L’acronyme de la région « Menasa » (qui réunit Moyen-Orient, Afrique du Nord et Asie du Sud-Est) traduit la volonté très forte de connecter des territoires qui ont une histoire commune. Marchands et pèlerins n’ont-ils pas déjà emprunté ces routes depuis l’Antiquité voyageant d’ouest en est et d’est en ouest ? Quant à Singapour, une visite dans le quartier de Kampong Glam s’impose pour prendre la mesure de ses relations avec le Moyen-Orient. Arab, Jeddah, Bussorah ou encore Bagdad Streets, tous ces noms de rue témoignent de la présence arabe à Singapour depuis le XIXe siècle. D’autres rues portent également le nom de riches familles de marchands arabes comme les Aljunied, Alkaff et Syed Alwi, des familles venues principalement du Yemen qui ont migré en Asie du Sud-Est au XVIe siècle et pris pied à Singapour quelques siècles plus tard. De puissantes familles qui ont contribué à l’essor de Singapour.
« Dénicher des talents »
Sur le modèle de la foire de Beyrouth, Singapore Art Fair est une « boutique » Art Fair, à savoir une petite foire. « Nous voulons créer une foire à petite échelle où l’on vient pour dénicher des talents et non pour retrouver les mêmes artistes et les mêmes galeries que l’on voit partout ailleurs », explique Laure d’Hauteville. La sélection des galeries a été confiée à Pascal Odille, le directeur artistique de la foire.
Chaque galerie doit présenter au moins 60 % d’artistes venant de la région Menasa. Sur cette foire, 40 % des espaces seront dévolus à des événements non commerciaux. Un pavillon organisé par Catherine David, directrice adjointe du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, sera consacré à l’art du Moyen-Orient ; le Liban sera à l’honneur avec un pavillon dédié à ses artistes et confié à la commissaire d’exposition indépendante et collectionneuse Janine Maamari ; trois street artists, le Libanais Yazan Halwani, l’Indonésien Darbotz et le Singapourien Antz, vont exprimer leur vision du Menasa sur deux longs murs. Une vidéo du photographe libanais Roger Moukarzel retraçant l’odyssée de ces grands voyageurs de la Route de la soie sera également diffusée sur le plus grand écran au monde (61,5 x 15,4 m) à l’entrée du Suntec Convention Center.
Organisé à Suntec, centre de conférences et d’expositions qui vient de rouvrir après un lifting, la Singapore Art Fair vient étoffer le panorama de plus en plus dense des foires d’art de Singapour. L’élément déclencheur date de 2010, lorsque le gouvernement de Singapour a demandé à Lorenzo Rudolf, ancien directeur d’Art Basel, co-fondateur de la foire ShContemporary de Shanghaï et créateur d’Art Basel Miami Beach, d’organiser une grande foire permettant à Singapour de se positionner sur la scène artistique mondiale. Baptisée « Art Stage », cette foire, dont la première édition a vu le jour en 2011, est devenue le rendez-vous de l’art en Asie du Sud-Est, et a pour objectif de multiplier les plates-formes entre les différents marchés asiatiques. Singapour a également vu l’émergence de nouveaux événements tels Affordable Art Fair, Art Apart Fair (un concept qui s’est d’ailleurs exporté à Londres cette année) et la première édition de la Milan Image Art Fair and Design qui a eu lieu du 23 au 26 octobre.
Directrice et fondatrice : Laure d’Hauteville
Directeur artistique : Pascal Odille
Nombre de galeries : 57, représentant 22 pays
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Singapour, naissance d’une foire
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Singapore Art Fair
Du 28 au 30 novembre, Suntec City, 1 Raffles Bd, Singapour, tél. 65 6337 2888, tlj 12h-19h, www.suntecsingapore.com
Légende Photo :
Au centre, le Suntec Convention Center, où se tient la Singapore Art Fair. © Singapore Art fair
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°423 du 14 novembre 2014, avec le titre suivant : Singapour, naissance d’une foire