Maître François de Ricqlès dispersera le 22 octobre, à l’Hôtel Drouot, le contenu d’un appartement parisien décoré par Jean puis Bernard Dunand. Mobilier et boiseries Art déco réalisés par ce créateur des années trente, et par son fils, constitueront l’essentiel d’une vente dont le produit attendu devrait avoisiner les quatre millions de francs.
PARIS. En dispersant, au cours de la vente Art déco du 22 octobre, le mobilier et les boiseries d’un appartement de l’avenue Marceau, Me François de Ricqlès va clore une histoire de près de soixante-dix années. Décorées et meublées par Jean Dunand, entre 1928 et 1935, les pièces de la demeure d’une riche collectionneuse parisienne constituent un ensemble "exceptionnel par son luxe, son unicité et son état de conservation". Ce sculpteur de formation, qui a abordé le travail de la laque dans les années vingt, avait certes déjà réalisé en 1928, à San Francisco, un appartement pour Dan Templeton Croker, mais avenue Marceau, il semble qu’il était au sommet de son art. Ainsi, les moindres détails ont été prévus pour le fumoir, que l’expert Félix Marcilhac, auteur d’un ouvrage sur l’artiste, considère comme "un ensemble extrêmement soigné, vestige complet d’une époque révolue, au raffinement extravagant".
Divan recouvert de loutre noire
La préservation de toute altération explique les cotes des pièces mises aux enchères. Une boiserie représentant une forêt géométrique et cubiste, aux harmonies gris, argent, or et noir, en laque, est estimée 400 000 à 600 000 francs, et le tapis aux points noués réalisé par Da Silva Bruhns, qui reprend le même décor, 30 000 à 40 000 francs. Un divan recouvert de loutre noire, ainsi que deux fauteuils et deux chaises tapissés de soie rose d’Hélène Henri, tous en bois laqué noir et galuchat laqué, sont cotés 150 000 à 200 000 francs. Un panneau de 135 x 295 cm à fond de laque d’or uni et à décor gravé figurant la conquête du cheval – variante de celui du fumoir des premières classes du paquebot Normandie –, que Jean Dunand a réalisé pour le salon de l’appartement de l’avenue Marceau, est estimé 200 000 à 250 000 francs. Tous les sièges de ce salon, entièrement conçus dans une harmonie bleu et or, sont recouverts d’un satin bleu pâle : une paire fauteuils de Leleu, laqués par Hamanka, est estimée 25 000 à 30 000 francs, au même prix qu’une banquette et trois chaises en fer forgé doré de René Prou. Enfin, provenant de la chambre à coucher qui a été réalisée après la guerre par Bernard Dunand, un lit corbeille en bois laqué à la feuille d’or, inspiré de celui dessiné par son père pour Madame Agnès, est estimé 60 000 à 80 000 francs. Une paire de tables en bois et métal doré réalisées par la maison Baguès, estimée 15 000 à 20 000 francs, sur lesquelles repose une paire de girandoles cascades, cotée 12 000 à 15 000 francs, complètent cet ensemble, dont le produit devrait s’élever à 2,5 millions de francs.
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Signé Dunand père et fils
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : Signé Dunand père et fils