Foire & Salon

Salons et foires dans le monde, des initiatives prometteuses

La Fiac tente un double pari, le design aura sa manifestation grand public

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 décembre 1998 - 1550 mots

Une Fiac revisitée, des naissances – dans le design –, des confirmations – art tribal, céramique... –, mais aussi des disparitions et les incontournables jalons de l’année, voici un tour d’horizon des foires et salons 1999 dans le monde. Reportez-vous à notre calendrier central pour avoir les dates de toutes ces manifestations.

Après avoir fêté son quart de siècle, la Fiac tente un double pari : une ouverture plus tôt, à la mi-septembre, et un nouveau lieu. Elle quitte l’Espace Eiffel Branly pour le Parc des Expositions de la Porte de Versailles et se déploiera dans le bâtiment dessiné par les architectes Valode et Pistre, le Pavillon du Parc. “Pour attirer les collectionneurs sur ce nouveau site, nous misons sur la qualité”, affirme son commissaire, Véronique Jaeger. La foire a été repensée : stands plus vastes, aires de repos et surtout création de nouveaux secteurs tels que la photographie – après avoir été écartée, elle devrait être représentée par une douzaine de galeristes : ainsi, Agathe Gaillard et Michèle Chomette iront rejoindre Françoise et Alain Paviot, admis depuis deux petites années – mais aussi la vidéo, déjà quelque peu présente dans les précédentes éditions, les grands éditeurs d’art internationaux, la sculpture monumentale, qui sera installée à l’extérieur sur une piazza bordée d’arbres, et les nouveaux médias. “Nous manquions de place pour accueillir la photo contemporaine. Dans notre nouvel espace, c’est aujourd’hui possible”, ajoute Véronique Jaeger. Cette année, les invitées d’honneur seront des galeries d’Amérique latine. Le Saga, Salon des arts graphiques, déménage également porte de Versailles pour retrouver le Salon du livre, en mars, dans le hall 1 du Parc des Expos. Il aura, compte tenu de son nouvel environnement, une orientation plus marquée vers la bibliophilie contemporaine et le livre d’artiste. Les amateurs d’images reprendront le chemin du Carrousel du Louvre, où Paris Photo tiendra sa troisième édition. Ce salon, lui, mêle toutes les époques et tous les genres. Les onze prestigieuses galeries américaines, venues en 1998, auraient assuré de leur retour.

Design et dessin au goût du jour
Forts de leur succès, les organisateurs de Paris Photo se lancent dans le design. Ils créent Paris Design, qui fera découvrir en mars, à la Grande Halle de La Villette à Paris, entre 60 et 80 exposants venus de France, d’Italie, d’Allemagne, du Japon et des États-Unis. Ce salon entend “sensibiliser un public français à la création contemporaine, en proposant notamment un éventail de choses accessibles”, précise le commissaire général, Matthieu Foss. Sur le thème des “Nouveaux signes de confort”, le grand public pourra au fil des stands faire l’acquisition de tables, chaises, appareils électroménagers, téléphones cellulaires et autres objets du quotidien. Pour sa part, l’Arts et Design Fair d’Amsterdam, également toute nouvelle, se concentrera sur les arts décoratifs de 1880 à 1950.

Autre salon très spécialisé, le Salon du dessin a déjà conquis son public. Intimiste, car il est réservé à 25 galeries, il séduit depuis sept ans de nombreux passionnés qui viennent découvrir des œuvres datant d’avant 1950, dans une fourchette de prix de 10 000 à 250 000 francs, et qui sont le plus souvent inédites. Il se déroulera à nouveau en avril, dans les salons Hoche. Créé l’an passé à Paris, le Salon international d’art tribal, passe de vingt-trois à une trentaine d’exposants européens et américains, tout en étant, selon son commissaire, “encore plus sélectif sur la qualité des pièces exposées”. Les arts océaniens, africains, indonésiens et amérindiens seront donc de  retour, faisant cette année “une plus grande place aux objets précolombiens”, annonce-t-il encore. Le rendez-vous est prévu en septembre à l’hôtel Dassault, qui accueillera ensuite début octobre le Salon international de la céramique. Christian Béalu, l’organisateur de cette deuxième biennale, annonce la présence de 30 exposants, contre 25 en 1997, mais il regrette qu’il y ait “plus de stands français que d’étrangers”. Il est vrai que les grandes foires internationales d’antiquités spécialisées font un peu ombrage au développement international de ce salon : celle d’Amsterdam, qui a également lieu en octobre, mais aussi l’International Ceramics Fair de Londres, en juin, et l’International Asian Art Fair pour la céramique chinoise. Cette dernière, qui se tiendra en mars à New York, est l’événement mondial pour les arts anciens et contemporains de l’Asie dans toute sa diversité géographique. Vases de la période Ming, miniatures indiennes, œuvres récentes japonaises ou coréennes, objets d’influence mongole seront proposés par 61 exposants d’une dizaine de pays, dont la Chine, Taiwan, le Japon et Singapour.

Éclectisme
À l’opposé, le Pavillon des antiquaires et galeries d’art, apparu en 1998, marie les genres. Il regroupera 70 antiquaires parisiens (dont quatre jeunes marchands des Puces), soit 18 exposants de plus, toutes spécialités confondues, du mobilier XVIIIe en grande partie, mais aussi de l’art primitif, des tableaux et dessins anciens et modernes, de la céramique et de l’argenterie, des objets Haute époque, une dizaine de galeries d’Art déco, et enfin de l’art contemporain. Pour compenser la disparition du Salon des beaux-arts, biennale qui n’a connu qu’une seule édition, le fondateur des deux manifestation, Patrick Perrin, entend donner davantage d’ampleur et de diversité au Pavillon. Il prévoit, “pour l’an 2000, de passer à 100 participants”, toujours à l’espace Eiffel Branly. La Foire des antiquaires de Belgique, qui se tiendra en février au Palais des Beaux-arts de Bruxelles, se veut aussi très éclectique : les tableaux modernes, sculptures et objets d’art du XXe siècle côtoient les arts primitifs, le mobilier XVIIe et XVIIIe, l’argenterie, les tapis, la céramique... sous “l’œil de l’expert”, thème de cette 44e édition. La foire compte 51 participants, dont une majorité de marchands belges.

Du côté des rendez-vous établis et incontournables, figure Tefaf Maastricht, point de rencontre des grands marchands, collectionneurs et conservateurs du monde entier. En mars 1999, 182 spécialistes venus de douze pays se distingueront dans les six sections proposées : tableaux, dessins et gravures ; antiquités et objets d’art ; antiquités classiques et égyptiennes ; manuscrits enluminés, livres rares et cartes ; art du XXe siècle et haute joaillerie. Tefaf Maastricht accueille chaque année un nombre croissant de visiteurs (50 000 en 1997, 64 000 en 1998), aussi les organisateurs ont-ils agrandi l’espace d’exposition et élargi les allées. Tefaf Bâle, lancée il y a quatre ans, suit les traces de Maastricht avec neuf sections : les antiquités classiques et égyptiennes, l’archéologie, les objets orientaux et islamiques ainsi que l’art précolombien, en plein essor, se sont particulièrement imposés et, depuis deux ans, les arts décoratifs du XXe siècle y ont leur place. La foire attend environ 120 exposants de quatorze nationalités, en novembre. Pour sa 13e édition, cet été, la Biennale internationale de Monaco, la plus petite des foires d’antiquités puisqu’elle rassemble une trentaine d’antiquaires de différentes spécialités et majoritairement européens, se distingue dans le domaine de la haute joaillerie avec huit stands prévus. À Zurich, la Foire suisse d’art et d’antiquité – la KAM – fêtera son 40e anniversaire en février avec une exposition spéciale de récipients à bière du XVIe au XIXe siècle. Soixante stands suisses et européens, mais aussi d’Israël, présenteront un choix d’antiquités classiques. La Fine Art Fair de New York, qui se tient en mai au Seventh Regiment Armory et qui est consacrée aux peintures, dessins et sculptures anciennes européennes et américaines jusqu’aux années soixante, est complétée en octobre par l’International Fine Art and Antique Dealers Show, spécialisé dans le mobilier et les objets d’antiquité. Ces deux grandes manifestations internationales attirent les marchands européens qui y trouvent une clientèle américaine. C’est aussi aux États-Unis que démarrera la saison artistique 1999 avec la troisième édition de l’International Art & Antique Fair de Palm Beach, du 28 janvier au 7 février. Ce salon d’art et d’antiquités de Floride remporte un franc succès. En 1997 et 1998, plusieurs exposants avaient réalisé des ventes importantes, et il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs au monde, rivalisant avec l’Armory Show de New York. Cette année, seront à nouveau présentes les plus prestigieuses galeries américaines et européennes. La galerie américaine de Beyrie, Philippe Denys de Bruxelles, la galerie londonienne Waddington Galleries et des Français comme les Vallois ou Janssens Van der Maelen figureront parmi les nouveaux venus.

Art contemporain
Après St’art, le grand salon strasbourgeois qui tient sa troisième édition en mars, Art Basel célébrera son trentième printemps en juin. 250 galeries des quatre coins de la planète seront rigoureusement sélectionnées parmi les 700 candidatures annuelles. Cette foire excelle dans la qualité et la diversité des œuvres : tout ce qui s’y trouve est digne d’intérêt et jouit de la reconnaissance des professionnels. Non loin de là, Art Cologne, en novembre, est plus un reflet de la création allemande. La foire renouvelle cependant pour la deuxième fois son expérience d’ouverture, à côté des trois départements habituels (l’art moderne, l’art de 1940 à 1975 et l’art d’aujourd’hui), de 37 stands consacrés à la sculpture – sous le titre “Köln Skulptur” – et, comme en 1998, un espace d’exposition sera réservé aux jeunes galeries et artistes d’avant-garde. Art Brussels évolue aussi vers l’internationalisation avec 110 exposants annoncés pour avril 1999. Reste l’Arco de Madrid, prévue en février, qui refuse toute évolution et demeure cette année encore une manifestation très latine, bien que la France en soit l’invitée d’honneur. En 1998, 85 des 111 exposants étaient espagnols et montraient de l’art ibérique pour un public local.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°73 du 18 décembre 1998, avec le titre suivant : Salons et foires dans le monde, des initiatives prometteuses

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