Pays-Bas - Foire & Salon

ANALYSE

Pourquoi les galeries d’art moderne et contemporain participent-elles à Tefaf ?

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 14 mars 2025 - 703 mots

MAASTRICHT / PAYS-BAS

Les acheteurs d’art ancien sont aussi, et de plus en plus, des acheteurs d’art des XXe et XXIe siècles et ils apprécient ce regard plus large sur l’histoire qui leur est ici offert.

Maastricht. La section « Tefaf Modern & Contemporary Art » a été créée en 2000 et compte cette année 57 galeries. 23 d’entre elles participent aussi à Art Basel et à Art Basel Paris, à l’instar de Yares Art, Mayoral, Mazzoleni Art ou Karsten Greve. Pourquoi, alors qu’a priori ces marchands d’art moderne et contemporain n’ont pas un besoin vital d’être à Maastricht, ont-ils le souhait de participer à une foire qui a bâti sa réputation sur les arts anciens ? « “Maastricht” est à ne pas manquer. De nombreux collectionneurs parmi les plus riches sont présents, ainsi que des dizaines de conservateurs de musée », résume le galeriste canadien Robert Landau.

C’est une foire de destination par essence, car le marché local n’existe pas à Maastricht. Or, elle s’inscrit dans un périmètre géographique qui est très prospère. « Tefaf est au cœur de la grande région rhénane, sans doute économiquement la plus puissante d’Europe. Elle est à la fois à proximité de Paris, de la partie flamande de la Belgique, de la partie néerlandaise, de l’Allemagne et de la Suisse », analyse Franck Prazan. D’ailleurs, « la clientèle extrêmement riche d’Amérique et d’Europe continentale qui y vient ne fréquente aucune autre foire d’art », relève Ben Brown (Londres). Toucher une nouvelle clientèle est ainsi l’une des raisons principales de la participation des galeries à cette foire spécialisée dans les antiquités.« Nous y rencontrons de nombreux collectionneurs privés, plutôt du nord de l’Europe (belges, néerlandais ou allemands), qui ont un goût classique et qui ne se sentent pas dans leur élément sur les foires d’art contemporain », observe Yves Zlotowski (Paris). La Galleria Continua abonde en ce sens : « C’est l’occasion de s’adresser à un public diversifié qui ne s’intéresse pas spontanément à l’art contemporain. »

Sans compter la présence de nombreux professionnels de l’art, car un des points forts de Tefaf a toujours été la venue de cohortes de conservateurs de musées, notamment américains, accompagnés de leurs trustees. « Il y a des musées internationaux qui viennent du monde entier », confirme Jordi Mayoral (Barcelone), tandis que Francesca Piccolboni (directrice de Tornabuoni Paris) indique y rencontrer aussi « des conservateurs de fondations privées internationales ». « Si vous voulez toucher des institutions plus classiques, c’est important d’être à Maastricht », insiste Franck Prazan.

Interaction avec l’art ancien

« Les marchands d’art moderne et contemporain continueront de revenir à Maastricht pour des raisons évidentes : Tefaf a un niveau de qualité, d’érudition et de connaissances qu’on ne retrouve pas dans d’autres foires », affirme Pierre Ravelle-Chapuis, directeur des ventes chez Van de Weghe New York. Par ailleurs, « y participer est un gage de sérieux et de professionnalisme ». Les galeries apprécient l’atmosphère luxueuse de Tefaf, contrairement à l’ambiance de plus en plus contemporaine de nombre d’autres foires, qui ont selon eux tendance à se ressembler.

Tefaf couvre 7 000 ans d’histoire de l’art. Exposer aux côtés de marchands de tableaux anciens, d’objets d’art ou de design est également une motivation pour ces galeries. « Cela offre un regard plus complet sur le monde de l’art – regard qui est le nôtre et qui est essentiel pour beaucoup des artistes que nous représentons », souligne Karsten Greve. « Cette approche s’inscrit parfaitement dans notre philosophie qui vise à inscrire le contemporain dans l’histoire et à révéler l’historicité du contemporain », renchérit Alexander Dorey Flint, directeur de White Cube. « Il y a une fierté à voir notre sélection d’œuvres accompagner ces chefs-d’œuvre de l’histoire de l’humanité », confie Georges-Philippe Vallois.

Les galeries y apprécient également la taille de la foire et la diversité des scénographies parfois spectaculaires des stands, lesquelles retiennent l’attention des visiteurs. « Certains y restent deux jours. Ce n’est pas comme dans les autres foires où il y a dix événements satellites qui les empêchent de revenir ou qui les poussent à ne pas revenir », relate Stéphane Custot, qui y affectionne aussi une certaine forme de liberté. « Une fois que vous êtes sélectionné, vous êtes libre de faire votre stand comme vous le voulez, libre de votre univers. C’est un luxe dans le monde des grandes foires qui vous impose et qui vous surveille… »

TEFAF (The European Fine Art Fair),
du 15 au 20 mars, MECC (Maastricht Exhibition and Conference Centre), Forum 100, Maastricht, Pays-Bas.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°651 du 14 mars 2025, avec le titre suivant : Pourquoi les galeries d’art moderne et contemporain participent-elles à Tefaf ?

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