Le rachat fin février de Piasa, troisième étude française avec 288 millions de francs de ventes en 1999, par Artémis, la holding de François Pinault, constitue le nouvel épisode d’un gigantesque jeu d’échecs entamé il y a deux ans entre le patron de Pinault-Printemps-Redoute et celui de LVMH, Bernard Arnault. L’objectif ? S’approprier la plus grosse part d’un marché de l’art en forte croissance.
PARIS - Le jeu s’accélère à mesure que l’on se rapproche du saut dans le grand bain que va constituer l’ouverture à la concurrence des ventes aux enchères, une fois les études françaises transformées en sociétés commerciales. Le dernier rebondissement est intervenu le 28 février, lorsque Artémis a annoncé la signature d’un “accord de coopération” avec le groupe Piasa. L’objectif ? Permettre à l’étude française “de bénéficier de moyens renforcés afin de pérenniser son développement et d’offrir à ses clients un meilleur service en France et à l’étranger”, précise le communiqué. Il s’agit d’un nouvel épisode de la partie d’échecs qui a débuté il y a deux ans.
François Pinault a été le premier à avancer ses pièces en rachetant Christie’s, au printemps 1998, pour plus de 7 milliards de francs. Dans une deuxième étape, Sotheby’s s’est rapproché de Hervé Poulain et Rémy Le Fur en vue de disperser, en juin 1999, la collection Beistegui conservée au château de Groussay. L’auctioneer, qui leur a ensuite confié ses voitures de collection, pourrait désormais apporter au duo installé au Palais des congrès de la porte Maillot les meubles et objets d’art qu’il ne souhaite pas vendre à la galerie Charpentier. Dès novembre 1999, Bernard Arnault a emboîté le pas à son rival en s’appropriant Phillips pour plus de 700 millions de francs, avant de s’attacher le numéro 1 français, l’étude Tajan, trois mois plus tard.
Des passerelles entre Piasa et Christie’s
Les liens qui unissent Piasa – société en participation regroupant quatre commissaires-priseurs, Mes Picard, Audap, Solanet et Velliet – et Artémis se limitent pour l’instant à des promesses d’achat et de vente. L’acquisition portera à terme, une fois votée la loi réformant les ventes publiques, sur 100 % du capital de la maison de vente. En attendant, Piasa devrait pendant trois ou quatre ans continuer d’œuvrer “en toute indépendance par rapport à Christie’s”, devenue sa demi-sœur. Des passerelles pourraient toutefois être lancées dès maintenant entre les deux sociétés. “On se trouve souvent confronté à des objets phares que l’on ne peut pas traiter en France, pour des raisons fiscales ou en raison du droit de suite. Il est préférable, dans de pareils cas, que ces pièces soient vendues chez Christie’s plutôt qu’ailleurs”, précise Jean-Louis Picard. Une certitude : Piasa apportera à François Pinault sa connaissance des arcanes du marché français et de ses règles du jeu... et lui permettra de gagner un temps précieux. L’homme d’affaires élargira aussi son champ d’action en touchant un public différent, complémentaire de celui de Christie’s.
Quelles vont être les retombées pour Piasa ? “Ce rapprochement constitue d’abord un plus en termes de notoriété pour notre groupe”, assure Jean-Louis Picard. “Être choisi par l’un des tout premiers entrepreneurs français, qui est aussi l’un des plus importants collectionneurs au monde, est déjà un succès. Nous disposerons également d’une structure financière capable de nous soutenir dans notre développement”, souligne Lucien Solanet.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Pinault rachète Piasa...
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Pinault rachète Piasa...