Pendant les JO, certaines galeries jouent le jeu, d’autres pas

Paris. De façon traditionnelle, les galeries parisiennes ferment durant le mois d’août. Cet été, plusieurs d’entre elles ont même choisi d’avancer leurs dates de fermeture à la semaine précédant la date d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Pour la Dvir Gallery et la Galerie Poggi, laquelle a décalé sa fermeture d’une semaine par rapport aux années précédentes, ce sera le 13 juillet. Ou les jours suivants, comme pour Jousse Entreprise (fermée du 21 juillet au 2 septembre), la galerie Éric Dupont (du 19 juillet au 19 août) et la plupart des galeries du Marais autour de la rue Chapon (Anne-Laure Buffard, Christophe Gaillard, Isabelle Gounod, la Galerie Papillon, Maïa Muller, Les filles du calvaire, Sultana, H Gallery, Cadet Capela…) – qui toutes rouvriront le 31 août.

D’autres font au contraire le choix de rester ouvertes pendant les JO. Mendes Wood DM étend ainsi les dates de l’exposition consacrée aux sculptures textiles de l’artiste Sonia Gomes [voir ill.] jusqu’au 3 août. Faisant mentir le cliché d’un Paris aoûtien désert, quelques enseignes font le pari de ne pas fermer, comme Opera Gallery, qui prévoit un accrochage collectif, avec optimisme : « Si les gens parviennent à accéder à la galerie, nous aurons bien fait de rester ouverts! » Galleria Continua maintient également les trois expositions en cours dans ses espaces parisiens (exceptionnellement elle sera cependant fermée une semaine, du 10 au 19 août inclus). Karsten Greve ne prend pas de congés d’été et présente les peintures de l’artiste Gideon Rubin jusqu’à début septembre. Hauser & Wirth, installée depuis octobre dernier rue François-Ier, sera à l’unisson des boutiques de luxe de l’avenue Montaigne, dans le 8e arrondissement : elle assurera le service tout l’été.

Semiose (3e arr.) attendra le 19 août pour baisser le rideau quelques jours. Non seulement la galerie reste ouverte pendant les JO, mais elle y prend part, à travers la performance La Bouteille de son artiste Abraham Poincheval. Celle-ci aura lieu sur le canal Saint-Denis du 25 juillet au 3 août (il s’agit d’une commande de l’établissement public territorial Plaine Commune, produite par le Centre national Édition Art Image, Cneai). Certaines enseignes mettent d’ailleurs en avant des programmations thématiques autour du sport. C’est le cas d’Almine Rech qui, sous le titre « Sport and Beyond », réunit des œuvres de Jeff Koons, Laurie Simmons et Hank Willis Thomas. Ou du marchand Marc Maison, « impatient de recevoir à Saint-Ouen les visiteurs du monde entier à l’occasion des Jeux olympiques ». Sa galerie, spécialisée dans les œuvres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, expose au 75 de la rue des Rosiers (Saint-Ouen-sur-Seine) des objets d’art et des pièces monumentales autour de l’activité physique (« Olympic Arts », [voir ill.]). En écho à l’ouverture des Jeux, la galerie Bigaignon inaugure pour sa part le 27 juillet l’exposition personnelle d’Olivier Ratsi. Intitulée « La chute d’Icare », elle comportera une œuvre lumineuse offrant une expérience « du mouvement et de sa représentation dans l’espace ». Françoise Livinec prend elle aussi le pari de rester « exceptionnellement ouverte à l’occasion des JO, avec deux expositions pour les clientèles internationales ». Idem pour la galerie Lélia Mordoch qui revendique un « opportunisme » de circonstance avec son exposition de groupe « Olympiades », visible jusqu’au 10 août.

Certaines galeries en revanche prennent leurs quartiers d’été loin de Paris, où elles donnent rendez-vous à leurs habitués : après trois soirées de concerts et de spectacles fin juin, Pierre-Alain Challier entrouvre sur rendez-vous son château de Lascours, sur les hauteurs de Nîmes, dans le Gard. La galerie Christophe Gaillard célèbre l’été dans sa Résidence du Tremblay en Normandie, et ferme ses espaces du Marais. High Art passe le mois de juillet à Arles, où elle retrouve une partie de son public parisien venu pour les Rencontres de la photographie. C’est dans le domaine viticole de Panery (Pouzilhac, Gard) que la galerie Ceysson & Bénétière rend hommage du 5 juillet au 28 septembre à Frank Stella, disparu le 4 mai dernier.

D’autres se délocalisent au gré du calendrier, comme la 193 Gallery, présente à Venise avec « Passengers in transit », programmée dans le « off » de la 60e Biennale d’art. C’est le moment de saisir des invitations à investir ponctuellement des lieux, ce que réussit très bien Marcelle Alix avec une exposition de quatre de ses artistes (Ian Kiaer, Laura Lamiel, Charlotte Moth et Mira Schor), « La marche supplémentaire », à la Maison Louis Carré (Bazoches-sur-Guyonne, Yvelines). L’initiative revient à la directrice du lieu, Asdis Olafsdottir. « C’est elle qui nous a approchées après avoir vu notre stand à [la foire] Paris+ l’année dernière, explique Isabelle Alfonsi, cofondatrice de la galerie. Il n’y a pas d’objectif précis d’un point de vue commercial, plutôt l’opportunité de réaliser une exposition sur mesure au sein d’une réalisation architecturale qui nous touche par sa très belle insertion dans le paysage – c’est la seule construction d’Alvar Aalto en France. »

Plus au sud, Crèvecœur imagine une exposition dans la salle du café central de Montesquiou, charmant village du Gers perché sur une colline, face aux Pyrénées.

Dernière option, inviter une consœur en résidence : fermée pendant l’été, la galerie Anne Barrault (3e arr.) accueille dans ses vitrines la galerie marseillaise Sissi Club avec les œuvres de l’artiste Amalia Laurent, du 24 juillet au 24 août.