La deuxième édition du Salon de Mars, qui s’est tenue du 31 mars au 8 avril à Genève, est une réussite du point de vue de l’organisation et de la qualité des pièces présentées. La fréquentation relativement faible et le niveau inégal des transactions ont cependant un peu terni la fête.
GENEVE - Plus de 760 couverts étaient dressés dans l’immense hall d’accueil de Palexpo pour le dîner de gala marquant l’ouverture du salon. Des membres du gouvernement suisse, quelques princes et princesses, des décorateurs comme Jacques Grange et Jacques Garcia et une brochette de grands collectionneurs dont George Ortiz, Maryvonne Pinault et Monique Barbier-Mueller étaient au rendez-vous. Cent dix marchands les attendaient sous un immense velum tendu à 12 mètres du sol. Placé au cœur du dispositif, Philippe Guimiot, grande figure de l’art africain, quarante années de métier dont treize passées en brousse à la recherche de sculptures tribales, semblait très à son aise dans cet univers ouaté. Il présentait une belle terre cuite Bankoni (Mali) figurant une femme portant un panier sur sa tête (XIVe siècle) et un masque de bovidé Baoulé (Côte-d’Ivoire) du XVIIe siècle. Ses chefs-d’œuvre trônaient non loin des Bruegel de Georges De Jonckheere et Daisy Prevost Marcilhacy et à quelques mètres des huiles de Picasso, Miró et autres Jawlensky accrochées sur le stand du Zurichois Beda Jedlicka (galerie Art Focus). Un condensé de l’esprit du Salon de Mars basé sur la confrontation des disciplines. L’art primitif, représenté par quelques-unes des meilleures galeries de la planète, méritait bien cette place d’honneur. Ainsi d’Alain de Monbrison avec son élégant masque Fang du Gabon et son masque Lega du Congo recouvert de kaolin (160 000 francs) ou Philippe Ratton et Daniel Hourdé avec leur très belle tête Maori issue de la collection Hooper.
Un Balthus de 1954
Face au stand de Ratton-Hourdé, Jan Krugier présentait un beau Picasso de 1899 représentant La Sœur de l’artiste, trois charmants petits Klee, une aquarelle d’Emil Nolde et un Balthus de 1954 montrant une jeune fille alanguie sur un canapé, vêtue d’une très sage jupe marron. Le marchand genevois était le porte-drapeau d’un puissant bataillon de galeries d’art moderne et contemporain, autre point fort de ce salon. Parmi les têtes d’affiche figuraient, côté français, la galerie Brame & Lorenceau, Daniel Gervis, Patrice Trigano, Claude Bernard, Marc Blondeau, côté anglais, les Malborough Fine art et Angela Flowers. Leurs tableaux se mariaient avec délices avec les meubles et objets d’art des années 1930. Comme la table basse aux chats (vendue 1,8 million de francs), le lampadaire au nœud (il est parti à 1,2 million de francs) et les quatre très élégantes chaises en bronze, mobilier de Diego Giacometti, présenté par Christian Boutonnet et Rafaël Ortiz (galerie l’Arc en Seine). Après un démarrage encourageant le premier week-end d’avril, la fréquentation comme les affaires se sont nettement ralenties dans le courant de la semaine. La plupart des antiquaires et galeristes déploraient le nombre insuffisant de clients allemands et zurichois. “Nous avons surtout rencontré des Genevois de souche et des Français installés sur les bords du Léman mais peu d’étrangers”, soulignait Christophe Langlitz pour la galerie Jean-Gabriel Mitterrand. Les transactions tardaient un peu à se conclure à deux jours de la clôture du salon tant du côté des œuvres modernes et contemporaines que de l’art d’Extrême-Orient, des tableaux anciens et du mobilier classique. Le niveau d’affaires, souvent moyen à ce stade-là du déroulement du salon, ne semblait cependant pas décourager des marchands présents. La plupart souhaitent s’engager sur la durée pour donner au Salon de Mars le temps de trouver son public et son positionnement. Maastricht a trouvé ses marques au bout de longues années. Quelles peuvent être celles du Salon de Mars ? Y a-t-il véritablement une place pour un deuxième grand salon annuel généraliste comme Maastricht ? Le Salon de Mars n’aurait-il pas intérêt à jouer la carte d’une relative spécialisation ? Marc Blondeau suggère de développer le créneau de l’art du XXe siècle (peintures, sculptures, dessins, installations, photographie, mobilier) associé aux arts primitifs, à ceux d’Asie et Extrême-Orient et à l’archéologie.
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Mars se cherche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°125 du 13 avril 2001, avec le titre suivant : Mars se cherche