MARRAKECH - À l’image des biennales, des foires d’art contemporain poussent un peu partout sur le globe, et parfois dans les endroits les plus inattendus. Tel est le cas de Marrakech qui ne figurait pas jusqu’à présent sur la carte de l’art contemporain.
La Ville rouge va accueillir du 8 au 11 octobre la première édition de la foire « Marrakech Art Fair ». Prévue au départ pour s’appuyer sur la logistique d’Art Paris, la manifestation vole finalement de ses propres ailes. Elle est en effet organisée par Art Holding Morocco, un groupe leader sur le marché de l’art au Maroc qui dispose aussi bien d’une maison de ventes aux enchères à Casablanca, d’une galerie à Rabat que d’un magazine d’art, Diptyk. D’après Hicham Daoudi, président de la société, cet événement « arrive au bon moment. Il y a un début de marché au Maroc ».
Le choix de Marrakech est lui aussi stratégique. Lieu de villégiature prisé par les Européens, la ville est suffisamment accueillante pour motiver les collectionneurs occidentaux à venir découvrir cette nouvelle foire. Marrakech Art Fair peut aussi compter sur de nombreux atouts : située dans un espace francophone, elle a des liens privilégiés avec la France ; arabe, elle espère attirer les collectionneurs du Moyen-Orient ; africaine, elle se propose d’être un relais de la création de ce continent. La foire a ainsi invité le spécialiste André Magnin à exposer pour la première fois en Afrique les créateurs du continent noir qu’il soutient depuis des années, soit une centaine de pièces de vingt-cinq artistes parmi lesquels Cyprien Tokoudagba, Body Isek Kingelez, Romuald Hazoumé ou Chéri Samba. « Les Marocains m’ont dit qu’ils ne voulaient pas tourner le dos à l’Afrique noire. Je trouve cela très bien », nous a déclaré André Magnin, qui disposera de l’ancienne agence de la Banque du Maroc à Marrakech.
La foire est quant à elle accueillie par le somptueux palace Es Saadi, dont la propriétaire, Elisabeth Bauchet-Bouhlal, est aussi l’une des plus grandes collectionneuses et mécènes du Maroc. Différents espaces de l’hôtel permettront de réunir trente et une galeries, dont la moitié sont parisiennes. Parmi celles-ci figurent Jean Brolly, Laurent Godin, Dominique Fiat, JGM. ou Jérôme de Noirmont. Dix stands seront occupés par des galeries du Mahgreb, et deux autres seront attribués au Moyen-Orient.
La manifestation sera accompagnée par un vaste programme culturel, avec des tables rondes, mais aussi des expositions comme celle de « street art » marocain organisée par le rappeur Don Bigg. Seront proposées des visites de la Fondation Fourtou, de la résidence d’artistes Al Maqam ou de l’hôtel Dar Sabra où est présentée la collection de son propriétaire, François Chapoutot.
Reste que, pour que la manifesation soit un succès, il faudra surmonter le hiatus entre l’art contemporain international et les démarches artistiques locales, entre les attentes des collectionneurs occidentaux et celles des amateurs marocains, qui, comme le souligne Hicham Daoudi, « ne vont pas forcément vers l’art le plus contemporain ». « Ce qui est important, observe-t-il, c’est que cette clientèle locale puisse voir ces différentes formes d’art, puisse voir des gens étrangers s’y intéresser. Il faut créer une mutation dans le regard des gens. »
Du 8 au 11 octobre, Palace Es Saadi, rue Brahim El Mazini, Marrakech, Maroc, www.marra kechartfair.com, sam. et dim. 11h-13h (VIP), 15h-21h ; lun. 11h-13h (VIP), 15h-18h.
Directrice : Zineb Daoudi
Commissaire général : Renaud Siegmann
Directeur culturel : Brahim Alaoui
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Marrakech fait la foire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°331 du 24 septembre 2010, avec le titre suivant : Marrakech fait la foire