La onzième édition de Tefaf Maastricht (7-15 mars) restera dans les mémoires comme un bon cru, tant par la qualité des objets proposés que par le nombre croissant de visiteurs qui se sont déplacés (64 000 personnes, soit une fréquentation en hausse de 14 %). La plupart des marchands présents, qui ont souvent pu établir de nouveaux contacts et réaliser un volume d’affaires important, se déclarent satisfaits.
MAASTRICHT - “Le musée imaginaire de Malraux existe bel et bien, c’est à Tefaf Maastricht qu’on peut le trouver”, s’exclame, enthousiaste, Anthony J.P. Meyer. Unique exposant du salon se consacrant à l’art océanien, la galerie Meyer Oceanic Art s’est taillé un franc succès, pour sa première participation, avec sa tête de chef Maori, ses sculptures, masques et autres objets en jade. Mêmes exclamations laudatives chez Adriano Ribolzi : “Maastricht attire toujours les grands collectionneurs et conservateurs de musées. L’organisation était parfaite.” Bernard Baruch Steinitz confirme ces appréciations : “C’est une superbe exposition qui tend vers la perfection. Nous devrions prendre en exemple l’esprit de compétitivité dans le respect des règles qu’ont su insuffler les organisateurs de Tefaf Maastricht.”
Il est vrai que la promenade, de stand en stand, au gré des allées du hall d’exposition agrémentées de tulipes multicolores, réservait de très belles surprises. Du côté des tableaux modernes, la galerie Salis et Vertes (Salzbourg) a réuni une belle moisson d’œuvres, telles ces Barques aux Martigues, 1907, de Raoul Dufy, véritable concerto de jaune orangé et de vert, ou cette aquarelle de Signac, Marseille. Un très beau Chagall, Les Mariés de la nuit (Kunsthandel Frans Jacob, Amsterdam) n’a pas manqué d’attirer aussi l’attention des visiteurs, tout comme ce Botéro, Mademoiselle Rivière, vendu 5,4 millions de francs par la galerie berlinoise Brusberg. Beaux succès enregistrés également du côté des tableaux anciens, avec la vente d’un paysage de Salomon van Ruysdael par la galerie Rob Noort (Maastricht/Londres), ou le Sanctuaire à Delphes de Jan Boeckhorst par Hall et Knight (Londres). On pouvait encore admirer de belles pièces – vases, porcelaines – et des antiquités grecques (bas-relief en marbre représentant Perséphone) chez HAC Kunst der Antike (Bâle).
Le niveau des affaires réalisées semble, en outre, avoir comblé la plupart des exposants, Philippe Heim, notamment, venu pour la première fois. Même enthousiasme de la part d’Emmanuel Moatti qui avait vendu trois tableaux et deux dessins dès la deuxième journée : “C’était un excellent cru. La composition comme le goût de la clientèle s’internationalise de plus en plus. On peut vendre aujourd’hui à Maastricht le même type d’objets qu’à la Biennale des antiquaires, par exemple.” Sentiment de satisfaction partagé chez Brame et Lorenceau et chez Claude Bernard, qui réunissait quelques œuvres des grands noms de la peinture (Bonnard, Picasso, Gris). “Il y a un vrai public d’acheteurs, les gens attendent la Tefaf pour acheter”, confirme Émile Deletaille (Galerie Lin et Émile Deletaille, Bruxelles).
Tonalité différente chez Patrick Perrin qui, tout en signalant le grand nombre de ventes réalisées par sa galerie pendant la foire, précise que les transactions concernaient essentiellement des pièces de prix peu élevé ou moyen. “Les grands clients internationaux, ceux qui n’hésitent pas à payer 4 millions de dollars pour un tableau moderne ou 600 000 francs pour une commode, étaient absents de Maastricht. Nous sommes plusieurs marchands à nous en être fait la remarque. Nous avons essentiellement vendu des petits meubles, des appliques, chenets et pendules, mais aucun meuble de prix.”
Les exposants ont noté, outre les Hollandais – puissance invitante –, la présence de nombreux visiteurs belges, allemands, suisses, américains et d’un nombre non négligeable d’Italiens et d’Espagnols. “Il y a plus d’étrangers que les années précédentes, confirme Nicolas Kugel. Des Allemands notamment, mais aussi beaucoup d’Américains que nous avons rencontrés pour la première fois cette année.” Témoignage identique chez Pierre et Dominique Chevalier, comme chez Blondeel-Deroyan qui a recensé 30 % de nouveaux venus parmi sa clientèle. Vous signez pour Maastricht 1999 ? “Sans hésitation”, répondent-ils en chœur.
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Maastricht en majesté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°57 du 27 mars 1998, avec le titre suivant : Maastricht en majesté