XXe

Lion, panthère et oiseaux en vedette

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 13 novembre 2013 - 910 mots

La saison parisienne des ventes d’arts décoratifs, légèrement moins ambitieuse que l’an passé, déploie un véritable bestiaire.

PARIS - Les ventes annuelles parisiennes d’arts décoratifs s’annoncent moins ambitieuses que l’an passé, si l’on considère le total des estimations ; elles comportent cependant de belles vedettes, dont certaines à poils ou plumes. Si le marché est très sélectif, il est pourtant en expansion. Pauline de Smedt, spécialiste chez Christie’s, témoigne : « L’échelle de valeur n’a jamais cessé d’augmenter, quand les lots les plus chers partaient à 200 000 euros chez Christie’s il y a dix ans, les pièces les plus importantes peuvent se vendre aujourd’hui 2 millions. » Quels amateurs attendre lors de cette saison ? « Les nouveaux acheteurs se baladent plus dans le catalogue », observe Cécile Verdier, directrice du département européen des arts décoratifs chez Sotheby’s. Pauline de Smedt renchérit : « Les acheteurs peuvent combiner deux époques, mélanger sans problème Ruhlmann et Lalanne. » Dans un marché où environ deux tiers des acheteurs sont étrangers, on peut s’attendre à un large éventail de nationalités. Selon Cécile Verdier, « la clientèle russe, récemment revenue, se dirige vers l’Art nouveau ou l’Art déco des années 1950, et les Américains, amateurs des pièces fortes des années 1950, sont toujours là. Moins nombreux, les Asiatiques achètent des lots très importants en valeur. Quant à la clientèle française, elle achète des pièces moins chères, réparties sur tout le siècle ».

C’est Sotheby’s qui ouvre la saison le 23 novembre avec une vente de 277 lots pour une estimation globale de 4,2 millions d’euros (tous prix annoncés hors frais). Le département Art déco, qui ne vend plus à Londres depuis 2010, concentrant ses vacations à Paris, propose un catalogue varié, tant sur l’origine géographique des pièces, leur prix ou leur période. « Nous défendons un regard général : le fait de proposer l’intégralité du siècle dans la même vente remet les pièces en perspective. Par ailleurs, la clientèle n’apprécie pas uniquement les pièces muséales, il y a l’optique de la collection et celle de l’ameublement », explique Cécile Verdier.

L’Art déco et le design
La sculpture animalière est à l’honneur avec la Lionne de Nubie de Rembrandt Bugatti (est. 600 000-800 000 euros), une grue de François Pompon (est. 150 000-200 000 euros) ou les désormais incontournables œuvres de François-Xavier Lalanne. On remarque une coiffeuse de Ruhlmann en placage d’ébène de Macassar (est. 200 000-250 000 euros) et une table basse en bronze et marbre de Diego Giacometti ayant appartenu à l’éditeur d’art Louis Broder (est. 80 000-120 000 euros). La vente comprend encore un ensemble de pièces uniques à tendance baroque de Garouste et Bonetti réalisé pour deux intérieurs privés.

Christie’s emboîte le pas à Sotheby’s avec une vente de 76 lots pour une estimation globale de 3,2 à 4,6 millions d’euros, fruit d’une politique très sélective plus souvent adoptée par sa rivale. « Nous préférons un plus petit nombre de lots, importants pour chaque époque compte tenu de leur provenance ou de leur rareté », souligne Pauline de Smedt. Contrairement à Sotheby’s, l’Art nouveau, vendu à Londres, est relativement absent de la sélection, axée sur l’Art déco et le design. L’an prochain, ces domaines devraient faire l’objet de vacations distinctes.

Le bestiaire commence avec un Lampadaire aux oiseaux conçu pour Jeanne Lanvin (est. 400 000-600 000 euros) par Rateau, un troupeau entier de Lalanne (est. 200 000-300 000 euros), ou la Console à l’oiseau de Diego Giacometti, pièce unique de 1970 (est. 300 000-500 000 euros). Rembrandt Bugatti est aussi en bonne place avec un Petit jaguar marchant (est. 150 000-200 000 euros) ou une Panthère marchant (est. 200 000-300 000 euros).

Dans la vente arts déco d’Artcurial, plus anecdotique, la vedette est un tronçon de l’escalier d’origine de la tour Eiffel (est. 20 000-30 000 euros). Sont à noter une paire de vases rouleau d’Émile Reiber pour Christofle (35 000-40 000 euros) ou une table basse d’André Arbus et Gilbert Poillerat (est. 40 000-60 000 euros).

La séquence design, plus consistante, est dominée par un rare lampadaire trois bras de Serge Mouille, mi-insecte, mi-végétal (est. 100 000-150 000 euros), et un bahut de Charlotte Perriand, pièce unique de 1958 (est. 100 000-150 000 euros). Nouveauté impulsée par Emmanuel Bérard, la vente est ponctuée de pièces de design graphique. Chez Tajan, c’est un bureau Art déco de Christian Krass qui tient le haut de l’affiche, au sein d’une vente moins prestigieuse.

Récapitulatif ventes :

Art déco, le 25 novembre à 19h ; Design, le 26 novembre à 20h, Artcurial, Hôtel Marcel-Dassault, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, www.artcurial.com ARTCURIAL
Art déco
Expert : Félix Marcilhac
Estimation : 900 000 €
Nombre de lots : 152

ARTCURIAL
Design
Expert : Emmanuel Bérard
Estimation : 1,2 M€ (est. basse)
Nombre de lots : 138

Arts décoratifs du XXe siècle et design, le 25 novembre à 16h, Christie’s, 9, av. Matignon, 75008 Paris, www.christies.com

CHRISTIE’S
Arts décoratifs
Expert : Sonja Ganne
Estimation : 3,2-4,6 M€
Nombre de lots : 76

Arts décoratifs du XXe siècle et design, le 23 novembre à 17h30 et 19h30, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, www.sothebys.com
SOTHEBY’S
Arts décoratifs
Expert : Cécile Verdier
Estimation : 4,2 M€
Nombre de lots : 277

Arts décoratifs du XXe siècle, le 3 décembre à 18h, SVV Tajan, Espace Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris, www.tajan.com

TAJAN
Expert : Jean-Jacques Wattel
Estimation : 800 000-1,2 M€
Nombre de lots : 160

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : Lion, panthère et oiseaux en vedette

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque