Après une baisse générale de 1,2 % en 2014, les ventes publiques d’objets d’art semblent avoir redressé la barre si l’on considère la progression des 15 premières maisons de ventes emmenées par Christie’s.
Le marché des ventes aux enchères en France semble résister en 2015 si l’on prend en compte le produit d’adjudications des 15 premiers opérateurs de ventes volontaires (OVV) qui est en progression de 11 %. Pourtant, dans cette progression, tous les opérateurs n’enregistrent pas les mêmes évolutions. Ainsi, Sotheby’s et Artcurial, respectivement à la 2e et 3e place, stagnent.
Christie’s reprend la tête du classement qu’elle avait perdue en 2014 avec un produit d’adjudications de 234 millions d’euros (1), enregistrant une augmentation de 29,5 %. Des résultats élevés dans ses disciplines phares, notamment en art contemporain, expliquent le score de Christie’s, mais aussi, selon Édouard Boccon-Gibod, directeur général, « un fort soutien des départements internationaux notamment en art tribal et art impressionniste et moderne », avec par exemple la dispersion de la collection Triton en mars (10 millions d’euros) qui venait des Pays-Bas.
Sotheby’s et Artcurial rétrogradent
En deuxième position, Sotheby’s perd donc une place et affiche un résultat global de 210,3 millions d’euros, légèrement en baisse par rapport à 2014 (– 1,2 %). La maison de ventes enregistre une croissance en art contemporain, passant de 51 millions d’euros à 55 millions, en art d’Asie ainsi qu’en mobilier et tableaux anciens, mais son département design chute de plus de 50 % (16,4 millions d’euros), alors que le résultat 2014 avait été dopé par la vente de la collection Félix Marcilhac (25 millions d’euros). Elle perd également des points en art impressionniste et moderne avec 31 millions d’euros contre 39,5 l’an passé faute de tableau phare d’une valeur supérieure à 10 millions d’euros, à l’exemple du Portrait de Paul Alexandre par Modigliani (13,5 millions d’euros en juin 2014).
Troisième sur le podium, Artcurial se stabilise avec 191 millions d’euros (192 millions en 2014). La maison de ventes prend soin de préciser que ce chiffre n’inclut pas sa première vente réalisée à Hongkong en octobre (6,1 millions d’euros), inscrite sur le procès-verbal de la maison Spink, ni la vente « Louis Grandchamps des Raux » organisée en collaboration avec Sotheby’s (8,7 millions d’euros). De plus, « notre vente de bijoux de décembre a été reportée en janvier à Monaco », souligne François Tajan, président délégué d’Artcurial. Ce chiffre global apparaît cependant fortement soutenu par son département automobiles de collection, qui totalise 70 millions d’euros (50 millions en 2014), soit 37 % de son produit total. Sans ce secteur – quasi inexistant au sein des autres enseignes du Top 15 –, l’OVV serait en baisse de 15 %. C’est pourtant dans cette catégorie que figure la meilleure enchère de l’année en France toutes spécialités confondues, soit une Ferrari (collection Baillon) adjugée 16,2 millions d’euros. En art ancien, c’est un rouleau chinois du XVIIIe siècle (époque Qianlong) attribué à Gu Quan qui remporte la mise, puisque cédé 5,6 millions d’euros chez Christie’s en juin.
Fraysse entre dans le Top 15
En quatrième position se hisse l’OVV Aguttes qui gagne 4 places avec un produit de ventes atteignant 40,2 millions d’euros hors taxes ( 28,8 %), grâce notamment à la vente de deux œuvres de Sanyu, chacune pour 4 millions d’euros. Au 5e rang, l’OVV Tajan se maintient avec un chiffre d’affaires de 36,3 millions d’euros tandis que Pierre Bergé & associés, 6e, remonte de 4 places et obtient 35,8 millions d’euros, soit une croissance de 81,7 %, due à la vente de la bibliothèque de Pierre Bergé (11,6 millions d’euros).
Fraysse effectue une nouvelle entrée, à la 10e place ( 96,6 %), grâce à la dispersion de la collection Jacques Servier, fondateur des laboratoires du même nom, qui a rapporté plus de 13 millions d’euros. « Cette vente est une opération tout à fait exceptionnelle qui nous a pris 70 % de notre temps en 2015 », commentait Vincent Fraysse.
Respectivement situés aux 7e et 13e places, Millon et Thierry de Maigret progressent de 9 et 10 %, tandis que Piasa (8e) et Osenat (11e) reculent légèrement. Une baisse plus significative touche Cornette de Saint Cyr (– 13,3 %) en raison d’une année de transition à la suite de son déménagement, mais aussi Beaussant-Lefèvre (– 24 %), privé d’enchères millionnaires.
Du côté de Drouot, il semblerait que les décisions prises ces derniers mois pour redresser la barre (nouveaux horaires, nocturnes, ventes collégiales…) commencent à portent leurs fruits. L’hôtel enregistre un total de 363,7 millions d’euros ( 0,3 %), mettant peut-être un terme à une baisse continue depuis 2012.
(1) Tous les chiffres et pourcentages sont indiqués frais compris hors TVA, calculés avec un taux moyen de commission de 22 %.
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Les opérateurs relèvent la tête
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°449 du 22 janvier 2016, avec le titre suivant : Les opérateurs relèvent la tête