Christie’s et Sotheby’s détiennent maintenant 40 % des enchères d’art en France

« Nous sommes face à un grand tournant » expliquait ce matin Catherine Chadelat, la présidente du Conseil des ventes volontaires, lors de la présentation du bilan du marché français. Mi-dépitée, mi-perplexe, la présidente commentait ainsi la progression de 4 points en 2015 des deux auctioneers anglo-saxons au détriment des commissaires-priseurs français.

Partis de zéro au moment de l’ouverture du marché en 2000, Christie’s et Sotheby’s captaient 27 % du marché en 2006 pour atteindre aujourd’hui 40 %. Le principal perdant est l’hôtel Drouot dont le poids dans les ventes d’art et d’objets de collection est passé de 52 % en 2006 à 33 % en 2015. « Tout était possible lors de l’ouverture du marché » explique encore Catherine Chadelat, qui se protégeant derrière son devoir de réserve, ne veut pas en dire plus, glissant cependant que les commissaires-priseurs gagneraient à se regrouper.

Cette progression est d’autant plus préoccupante pour les acteurs français qu’elle intervient dans un marché stable. Les ventes aux enchères d’art et d’antiquités sont en effet au même niveau que l’an dernier (823 millions d’euros). En revanche, portés par les ventes de joaillerie, de BD et surtout de voitures de collection (dont sont plutôt absents Christie’s et Sotheby’s), les adjudications totales « Art et objets de collection » ont progressé de 6 % pour s’établir à 1,329 milliard d’euros. « Un niveau historique » se plaît à dire Catherine Chadelat. Il n’empêche qu’en euros constants (en tenant compte de la valeur de l’euro), les adjudications sont passées de 1,370 milliard (1,224 en euros de l’époque) en 2006 à 1,329 milliard en 2015, soit une baisse de 3 %

Et ce ne sont pas les ventes de gré à gré qui vont aider les opérateurs français. Le CVV les estime à 93 millions d’euros, en progression de 31 %, mais concède « qu’elles restent très concentrées sur quelques opérateurs ». Le salut ne viendra pas (encore) des ventes Online non adossées à des ventes physiques qui ne sont que de 14 millions d’euros, du même niveau qu’en 2014.

« Un grand tournant », certes, mais qu’y-a-t-il à la sortie du virage pour les études françaises qui ne semblent pas avoir pris conscience, qu’à ce rythme, ce n’est même pas en deuxième division qu’elles vont jouer, mais en division CFA (Championnat de France Amateur de football).