West Bund Art & Design et ART021 se sont achevées sur un bilan en apparence satisfaisant malgré un environnement économique difficile.
Shanghaï (Chine). Dans un marché incertain, les 253 galeries participantes, 122 pour West Bund et 131 pour ART021, ont cherché à maximiser les synergies avec l’écosystème culturel chinois et l’agenda artistique international. À West Bund, la galerie Lisson présentait une photographie de Marina Abramovic, en lien avec son exposition au MAM Shanghaï.
Perrotin a exposé une sculpture et des œuvres sur papier de Bernar Venet (voir ill.), en rétrospective au Phoenix International Media Center de Pékin (lire p. 6). Un stand institutionnel était également consacré au Musée Guimet et à la collaboration Gardiens du Temps avec Jiang Qiong Er à West Bund Art & Design.
Almine Rech a mis en avant des œuvres de Tom Wesselmann, aux côtés d’artistes qu’il a influencés, en miroir à l’exposition en cours à la Fondation Louis Vuitton.
West Bund concentre la plupart des méga-galeries, comme Gagosian, Pace, Perrotin, ou Ropac. On note toutefois des exceptions comme Mennour ou la galerie américaine Zwirner qui ne participent qu’à ART021. On constate par ailleurs une baisse du nombre de galeries (comme Almine Rech ou A2Z) disposant d’un stand sur les deux foires, passant de 23 en 2023 à 17 en 2024. Avec ses deux stands, Wendy Xu, directrice Asie de White Cube, explique sa stratégie : group show d’artistes établis sur le marché chinois à West Bund, et duo show d’artistes que la galerie cherche à mieux faire connaître auprès des collectionneurs à ART021.
Alors que les enquêtes économiques sur l’économie chinoise signalent un ralentissement de la croissance et de la consommation intérieure, l’étude 2024 d’Art Basel & UBS Survey of Global Collecting révèle que les HNWI (300 interrogés) de Chine continentale ont dépensé le plus en art et antiquités en 2023 et au premier semestre 2024, avec un montant médian de 97 000 dollars (environ 92 000 €), soit plus du double de celui des autres régions. Les galeries occidentales présentes ont parié sur ce potentiel en se concentrant sur les valeurs sûres du marché. Elles ont misé sur des artistes internationalement reconnus, comme Yayoi Kusama et Takashi Murakami (Gagosian) ou Georg Baselitz (Ropac, White Cube), qui disposent d’une solide valeur d’investissement, tout en étant appréciés des collectionneurs chinois. Surreprésentée par rapport aux autres genres, la peinture domine nettement sur les stands des deux foires. Comme son nom l’indique, West Bund intègre également le design mais à moindre échelle, avec cette année, un espace dédié au designer finlandais Eero Aarnio, créateur de la célèbre Ball Chair.
Ces efforts marketing ont porté leurs fruits, les galeries estimant que les ventes se sont révélées meilleures que prévu à l’issue des deux foires, malgré des transactions parfois plus lentes à conclure. À ART021, la White Cube a vendu une œuvre de Bram Bogart pour 50 000 euros et de Lee Jin Woo pour 35 000 dollars (env. 33 000 €). Participant pour la première fois, la galerie dubaïote Lawrie Shabibi a vendu, entre autres, plusieurs œuvres de la Koweïtienne Hamra Abbas et de l’Américain d’origine iranienne Asad Faulwell, signe d’une ouverture inédite pour le Moyen-Orient.
Les prix atteignent des montants plus élevés à West Bund, avec des ventes millionnaires (en dollars), comme cette toile de 1969 de Philip Guston chez Hauser & Wirth et une autre de Lee Ufan de 1988 chez White Cube. Perrotin a notamment vendu une sculpture de Lynn Chadwick pour plus de 120 000 livres sterling. (env. 145 000 €). Les artistes plus jeunes ont également été bien accueillis : De Sarthe a vendu une grande toile de l’artiste chinois Zhong Wei pour un prix compris 25 000 et 30 000 dollars (23 500-28 500 €). La galerie Pearl Lam a rencontré un certain succès avec la vente de quatre toiles d’artistes africains, dont trois des Nigérians Alimi Adewale et Babajide Olatunji, et une œuvre de Serge Alain Nitegeka, artiste d’origine rwandaise installé à Johannesburg. Cet intérêt pour l’art africain fait écho à la collaboration entre Christie’s Hong Kong et la foire 1-54, organisée en mars dernier lors d’Art Basel Hong Kong.
Au final, les deux foires de Shanghaï ont su tirer leur épingle du jeu, tout en renforçant leur intégration à la scène artistique chinoise. Ces performances reflètent également le dynamisme et la centralité de Shanghaï sur le marché de l’art en Chine, stimulé par une riche offre culturelle.
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Les deux foires simultanées de Shanghaï font bonne figure
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°644 du 29 novembre 2024, avec le titre suivant : Les deux foires simultanées de shanghaï font bonne figure