Le Pavillon des antiquaires et des beaux-arts organise sa 6e édition du 29 mars au 6 avril sous le signe d’une notoriété croissante. Le salon s’ouvre aux jeunes marchands, notamment originaires des Puces ou de province, tout en faisant preuve d’un souci d’expertise. Si l’éclectisme a pendant longtemps été la ligne directrice de la manifestation, le XXe siècle a notablement pris le dessus. À côté des créateurs des années 1950-1960, soutenus par le marché, une bouffée vivifiante venant d’Italie et de Scandinavie est aussi au programme.
PARIS - Après avoir gagné en cinq ans ses galons au rang de salon de qualité, le Pavillon des antiquaires et des beaux-arts arrive à maturité et la nouvelle cuvée s’annonce sous des auspices plutôt favorables. “Pendant cinq ans, on s’est démené pour commercialiser ce salon. Cette année, les gens sont revenus d’eux-mêmes, ou par le bouche à oreille. Nous n’avons dû démarcher que pour un ou deux stands. Le Pavillon a acquis sa place. Les exposants vendent à plus de 75 %, sinon ils ne reviendraient pas”, affirme le galeriste Stéphane Custot, coorganisateur du Pavillon avec l’antiquaire Patrick Perrin. Le basculement en faveur du XXe siècle, opéré depuis trois ans, est patent cette année, avec 49 exposants sur 82. Depuis le retrait du marchand de tapisseries Bernard Blondeel, ses anciens associés Armand et Olivia Deroyan ont choisi de consacrer leur nouvel espace de la rue de Lille aux tapis modernes, collectés depuis cinq ans. La galerie présente donc au Pavillon un très monumental tapis d’André Arbus, ainsi qu’un exemplaire d’Ivan Da Silva Bruhns, issu de l’exposition proposée par le tandem lors du dernier Carré Rive Gauche. La galerie Down Town concentre son stand sur les créations de Jean Royère, avec notamment un canapé et deux fauteuils Ours polaire. Soulignons au passage que le succès de ce modèle ne faiblit pas puisque son prix a quasiment sextuplé en dix ans. Autre figure montante du mobilier des années 1950, Mathieu Matégot, récemment mis en lumière par une exposition chez Jousse Entreprise (lire le JdA n° 159, 22 nov. 2002), est cette fois à l’honneur chez Thomas Fritsch et Yann Guérin, nouveaux exposants issus des Puces. Ces derniers porteront aussi un coup de projecteur sur Michel Boyer, décorateur des années 1960 épris de lignes simples et rigoureuses. Une des originalités du Salon est d’offrir une plate-forme aux réalisations étrangères. La galerie bruxelloise Yves Macaux déploie un ensemble d’une vingtaine de meubles de Serrurier-Bovy, créateur belge proche de l’Art nouveau. Le design transalpin s’arroge une place de plus en plus visible. Cette nouvelle niche du marché de l’art sera représentée par la galerie turinoise Pron, nouvellement installée à Paris, et par la bruxelloise Autegarden-Rapin. Un des tout premiers promoteurs des créateurs italiens en France, le galeriste Yves Gastou, expose des miroirs de la manufacture verrière milanaise Fontana Arte. Cette création subtile et veloutée avait déjà eu les honneurs du marché en juin dernier avec la vente “Made in Italy” organisée par Camard & associés. Les créateurs scandinaves enfin s’affichent chez un nouvel exposant américain, Antik, et à la Galerie Scandinave (Paris). L’art moderne et contemporain jouit de la présence de quelques pointures comme la galerie Louis Carré & Cie – qui propose une rétrospective du sculpteur Étienne Hadju –, et Baudoin Lebon. Ce dernier met en scène deux herbiers, l’un réel, l’autre photographique, réalisés par l’artiste anglais Stuart Thornton. Tout le jeu sera de distinguer le vrai du simulacre.
Le coup de vieux du XVIIIe siècle
Le mobilier du XVIIIe siècle et les tableaux anciens sont devenus par la force des choses minoritaires. Les objets insolites aptes à s’intégrer dans des espaces plus contemporains résistent toutefois à l’éclipse. On retrouve des objets de curiosité chez Philippe Sinceux, Louis Soubrier et HP Antiquités. On les entrevoit aussi chez des marchands plus classiques comme Anne-Marie Monin. La galeriste du quai Voltaire construit son stand autour d’un décor de salle à manger agrémenté d’un spectaculaire trompe-l’œil du XIXe siècle représentant Psyché et Cupidon. De même, Flore de Brantes opte ici pour des objets de charme tel un lustre en opaline et verre peint du XIXe siècle. “Il faut s’adapter à l’esprit de chaque salon. Le Pavillon est un salon où se retrouvent de jeunes marchands. La clientèle est elle-même jeune, en quête de pièces plus amusantes”, explique la jeune antiquaire. Georges de Jonckheere, Claude Vittet et Virginie Pitchal seront seuls à défendre les couleurs des maîtres anciens. La galeriste de la rue Jacob présente, dans son florilège de tableaux flamands et italiens, un panneau du XVIe siècle par Franz Pourbus représentant Orphée charmant les animaux. “J’aimerais faire comprendre à la clientèle qui achète du mobilier du XXe siècle que celui-ci peut se marier sans peine aux tableaux anciens”, insiste Virgine Pitchal.
L’inflexion contemporaine prend résolument le pas sur l’éclectisme. Une section consacrée à une dizaine de galeries d’art contemporain, sélectionnées par Jérôme de Noirmont et Georges-Philippe Vallois, est déjà au programme de l’édition 2004. Les autres spécialités risquent alors de converger vers le nouveau salon que les duettistes Custot-Perrin concoctent pour cet automne.
Du 29 mars au 6 avril, jardin des Tuileries, face au 234, rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 53 30 85 20, 11h-20h, 14h-20h le 29 mars, nocturnes jusqu’à 22 heures les 1er et 3 avril ; entrée : 10 euros.
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Le XXe siècle en force aux Tuileries
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : Le XXe siècle en force aux Tuileries