Après le coup de mou de l’an dernier, la foire d’art contemporain Art Brussels a retrouvé son énergie du 20 au 23”¯avril.
BRUXELLES - Des trois foires d’art contemporain qui se sont tenues en avril (lire ci-dessus), Art Brussels n’était pas la plus crantée pour réussir. C’est pourtant elle qui a le mieux tiré son épingle du jeu. Une galerie comme Schmidt Maczollek (Cologne), qui avait participé aussi bien à Bruxelles qu’à Cologne, mesurait une nette différence atmosphérique entre les deux salons. « Je suis plus content d’être à Bruxelles qu’à Cologne, où en cinq ans, je n’ai pas vraiment rencontré de collectionneurs allemands, alors qu’ici j’ai d’emblée eu des contacts avec des amateurs belges attentifs », observait pour sa part Michel Rein (Paris). Un accueil d’autant plus soutenu que Belges et Français s’étaient donnés le mot pour redonner un coup de fouet à l’événement.
Mythologies personnelles
Comme dans tous les exercices du genre, il y avait à boire et à manger. À admirer aussi, comme le stand de Massimo Minini (Brescia), transformé en dédale au gré des fantaisies architectoniques de Jan de Cock. « C’est une foire qui n’est pas pour les traders ni ceux qui veulent des grosses pièces qu’on trouve à Bâle, mais pour ceux qui cherchent de belles petites pièces », résumait le galeriste Rodolphe Janssen (Bruxelles). Des « belles petites pièces », on en voyait à foison, surtout autour du thème de l’obsession et des mythologies personnelles. Il en allait ainsi des reconstitutions à partir d’images prélevées sur Internet, façonnées en maquettes et rephotographiées par Daniel Gordon chez Groeflin Maag (Bâle). C’est dans le symbolisme belge et une décadence très fin de siècle que puisaient les dessins de Thomas Lerooy, jeune artiste de 26 ans, présenté par Janssen et déjà fêté par les collectionneurs. Ceux qui avaient raté l’exposition de Renato Orara chez Dominique Fiat (Paris) en octobre dernier bénéficiaient d’une séance de rattrapage avec ses dessins au stylo-bille, traversés d’objets banals venant couvrir les noms des nombreux morts irakiens recensés par les ONG. La foire autorisait aussi des découvertes comme Gyan Panchal chez Frank Elbaz (Paris). Ce dernier utilise à contre-courant les matériaux servant à isoler ou conditionner, transformant ainsi un tissu polyamide en peau de bête.
Commerce intense
Le commerce a été vigoureux grâce aux Parisiens en goguette, mais aussi en raison de l’arrivée inopinée de quelques pointures étrangères comme Anita Zabludovic et Ella Cisneros. Chez Nathalie Obadia (Paris), la sculpture d’un loup hurlant gainé de dentelles de l’artiste Joana Vasconcelos exerçait une séduction telle qu’elle fut aussitôt achetée par un Français. De son côté, la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris) a vendu en un tour de main huit tableaux de Mike Bouchet et un grand triptyque de Gilles Barbier. Kamel Mennour (Paris) a pour sa part cédé une belle symphonie de mains au fusain d’Adel Abdessemed à une grande collection anglaise. De même, une collection d’entreprise italienne a réservé chez Eric Dupont (Paris) la série de onze photos de Regina Virserius autour des jouets d’enfants. Bref, Art Brussels a renoué avec l’énergie de ses beaux jours, sans renier une de ses principales qualités : la modestie.
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Le rendez-vous des collectionneurs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°258 du 27 avril 2007, avec le titre suivant : Le rendez-vous des collectionneurs