ITALIE
Andrea Sirio Ortolani est le nouveau président de l’Association nationale des galeries d’art moderne et contemporain (ANGAMC) qui rassemble 193 galeries italiennes. Il donne un éclairage sur le marché de l’art italien à la peine dans un climat géopolitique préoccupant.
Et une guerre en Ukraine ! On a beaucoup souffert car ce type de crises oblige les galeries à s’adapter en rompant leur vieux schéma de fonctionnement. Il y a eu une intensification de leur présence sur Internet et de l’usage des réseaux sociaux mais elle a pénalisé les galeries traditionnelles centrées sur la participation aux foires, favorisant celles qui ont fait preuve de plus de flexibilité. Mais toutes sont préoccupées par l’incertitude que nous vivons actuellement en raison de la situation géopolitique. L’incertitude suscite de l’immobilisme le plus souvent. Aussi bien chez les galeristes que chez leurs clients.
Il est marginal. Nos galeries, le plus souvent de dimension petite ou moyenne, ne peuvent pas rivaliser avec les grandes américaines. Il y a quelques exceptions qui sont de véritables multinationales comme Massimo de Carlo ou Galleria Continua. Mais le marché italien est trop limité et ne favorise pas la croissance. Alors que la France représente 7 % du marché de l’art global, la Péninsule n’atteint pas 1 %. Notre potentiel est pourtant énorme puisque nous sommes un pays de culture avec des collectionneurs et un mécénat qui remonte à l’Antiquité.
L’absence de soutien de la part des institutions qui n’adoptent pas des lois qui puissent favoriser notre travail. Nous ne cessons de les sensibiliser à nos difficultés, mais elles estiment que nous sommes un marché élitaire réservé à quelques privilégiés et ne s’en soucient pas. Le marché de l’art en Italie représente pourtant 3,3 milliards d’euros et emploie 36 000 personnes, ce qui n’est pas négligeable. Le pouvoir politique ne comprend pas que cela a des répercussions sur l’art d’aujourd’hui empêchant l’émergence de nouveaux artistes. C’est dommage que ce pays ne puisse vivre que de son passé sans pouvoir miser sur son présent et son avenir. Les artistes que nous représentons sont pénalisés et risquent d’être relégués à la périphérie du monde de l’art.
Pouvoir devenir compétitif à l’étranger. Nous avons perdu une immense opportunité avec le Brexit en n’arrivant pas à attirer des grandes galeries internationales qui ont choisi la France ou la Belgique pour se relocaliser. La France, par exemple, a été plus intelligente en favorisant son écosystème de galeries grâce à plus de flexibilité sur ses règlements en ce qui concerne l’importation d’œuvres. La TVA y est de 5,5 % (*) contre 10 % en Italie. Le seuil des valeurs pour les exportations des tableaux a été relevé de 15 000 à 300 000 euros tandis qu’il est toujours de 13 500 euros ici. L’art moderne et contemporain italien a pourtant une extraordinaire attractivité et les talents sont nombreux.
En effet, nous organisons des initiatives lors du MIART au printemps (Foire internationale d’art moderne et contemporain de Milan). Milan est la véritable capitale italienne des galeries : elles y sont les plus nombreuses et y ouvrent le plus facilement. C’est en effet la capitale économique du pays avec une véritable ouverture à l’international avec également de grands événements liés à la mode et au design. Mais les galeristes italiens se sentent seuls. L’État ne les aide pas. Pas plus qu’il n’aide les jeunes artistes. Nous avons besoin de structures et de règlements qui favorisent la circulation des œuvres et leur vente à l’étranger.
(*) Contrairement à ce que nous avions écrit dans le JdA n°598, en France le taux de la TVA concernant les importations d’œuvres d'art est de 5,5 % et non de 5 %.
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Le président des galeries italiennes se sent bien seul
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°598 du 4 novembre 2022, avec le titre suivant : Andrea Sirio Ortolani, président de l’ANGAMC : « Les galeristes italiens se sentent seuls. L’état ne les aide pas »