L’art contemporain l’emporte aussi sur l’art moderne dans les ventes intermédiaires à Paris.
PARIS - Les résultats des ventes des œuvres « post-war » [après guerre] rejoignent ceux de l’art moderne, dans les grandes ventes internationales comme dans les ventes plus modestes. Ainsi chez Artcurial où l’art abstrait et contemporain a totalisé le 23 février 1,54 million d’euros (et 88 % de lots vendus), dépassant la vacation d’art moderne de la veille qui a enregistré 1,4 million d’euros (avec 77 % de lots vendus). « Les ventes dites “intermédiaires” sont de plus en plus attractives, constate l’expert Martin Guesnet. Avec des œuvres accessibles, elles captent un autre public. Mais, chose incroyable, le 23 février, soit un après-midi de vente en semaine, la salle était remplie par plus de deux cents personnes, en plus des quelque 250 ordres d’achat et téléphones. Finalement, ce sont seulement des petites choses (des éditions) qui n’ont pas été vendues. » « La raréfaction des œuvres, plus que jamais à l’ordre du jour, se traduit par un intérêt croissant pour des pièces intermédiaires de qualité », commente pour sa part le commissaire-priseur Francis Briest, directeur des départements d’art moderne et contemporain d’Artcurial.
Acheteurs français
L’« effet collection » joue par ailleurs un rôle de catalyseur. En l’occurrence, 47 pièces (sur 48) de la collection Carlota et Philippe Charmet (La Peau du chat) sont parties pour un produit global de 350 000 euros, doublant leur estimation de 150 000 euros. Nombre de lots de cet ensemble illustraient de beaux exemples de la Figuration narrative. Coupe, un tableau d’Hervé Télémaque de 1974, non seulement d’une bonne période mais spectaculaire dans sa forme et son format (une toile ronde de 150 cm de diamètre), a pulvérisé son estimation haute de 18 000 euros pour atteindre le montant record de 60 430 euros. Il a pris place dans une collection française après une longue bataille d’enchères. Un autre record mondial a salué le choix du couple Charmet : l’œuvre humoristique d’Antonio Recalcati intitulée Jambon de Paris a été emportée pour 22 200 euros (contre une estimation de 10 000 euros, son précédent meilleur prix en vente publique), également par un collectionneur français. La Femme du mineur Perez Martinez, toile de 1968 d’Eduardo Arroyo, a été acquise par un amateur français pour 29 600 euros. De beaux scores ont aussi été enregistrés pour : Erró et son Galilée (1979-1980), de la série des « Savants », adjugé 12 330 euros ; Le Dernier Bastion, peinture à l’acrylique d’Hervé Di Rosa datée de 1984, emportée à 12 330 euros, le double de son estimation basse, ainsi que pour Sans titre (Poissons), un tableau de 1976-1982 de Gilles Aillaud vendu 17 965 euros. Notons enfin trois dessins au fusain d’Ernest Pignon-Ernest adjugés au triple de leur estimation, à plus de 6 000 euros pièce.
Un ancrage sur le marché italien
Hors collection, l’artiste indien Syed Haider Raza, issu de l’école de Paris et dont la cote internationale est actuellement très soutenue, a été remarqué avec une toile de 1965, Contre-jour, qui s’est envolée à 83 860 euros en faveur d’un marchand britannique. Une Composition de Lanskoy, artiste soutenu par le marché russe, est quant à elle montée à 86 325 euros. Les collectionneurs italiens venus en renfort ont défendu leurs artistes présents dans la collection Charmet : 12 330 euros pour une huile sur toile de Gianna Dova estimée 4 000 euros ; 5 550 euros pour un tableau de Cesare Peverelli (acquis par un Français) estimé 1 200 euros ; 3 450 et 4 315 euros pour deux œuvres signées Aldo Bergolli de moindre valeur. Les Italiens se sont aussi montrés très actifs sur le reste du catalogue. Ils ont quasiment tout emporté : Effetto notte, une toile de 1987 de Mario Schifano pour 30 830 euros ; Interno (1963), de Lucio Del Pezzo, pour 19 115 euros ; Primavera di Boticelli (2005), inclusion de papillons en céramique émaillée et colorée de Marcello Lo Giudice, pour 17 265 euros ; Composition bleue (1971) de Piero Dorazio pour 13 565 euros, ou encore deux œuvres de Getulio Alviani pour 14 180 et 16 030 euros. Selon Martin Guesnet, « Artcurial a une vraie visibilité sur le marché italien et nous comptons poursuivre dans ce sens ».
- Résultat : 1,58 million d’euros - Expert : Martin Guesnet - Lots vendus : 87 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 314/46
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Le « Post-war » en pole position
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : Le « Post-war » en pole position