Nouveau rendez-vous de printemps venu remplacer l’ex-Salon de Mars dont il a visiblement su retrouver l’esprit initial, le Pavillon des antiquaires a connu un vrai succès auprès des collectionneurs et des exposants. La présence majoritaire de la jeune génération a permis d’apporter une note de nouveauté et de convivialité de bon goût à la manifestation.
PARIS - Qu’y a-t-il de commun entre un masque de danse vouvi provenant du centre-Gabon, un coffre Louis XIV en acier encadré de moulures, un bureau Jean Prouvé de 1956, des gravures de Picasso et une toile d’Andy Warhol ? Apparemment peu de choses, si ce n’est qu’ils ont été réunis pendant dix jours dans un même lieu, une grande tente plantée à deux pas de la Tour Eiffel. Le mélange, qui pourrait paraître détonant, se révèle pourtant heureux. Le visiteur prend plaisir, au gré de ses pas et de son humeur, à passer d’une aquarelle ou un dessin d’Henry Moore – auquel la galerie Hopkins-Thomas a consacré un hommage pour le centenaire de sa naissance – à un charmant dessin de Picasso (Femme lisant, galerie Natalie Seroussi), en passant par une commode époque Louis XVI en acajou et un bronze de Camille Claudel (galerie Cueto-Monin). Après une courte étape devant un riant petit Dufy (Le Boulevard Rochechouart, galerie Fanny Guillon-Lafaille), et une pause devant une gracieuse Diane Victorieuse, une sculpture d’Albert-Ernest Carrier-Belleuse (galerie Patrice Bellanger), le promeneur curieux et éclectique a pu découvrir le stand de Marc-Antoine Patissier, l’un des cinq jeunes marchands invités par les organisateurs. Aménagé comme aurait pu l’être l’intérieur d’un “honnête homme” à la fin du XIXe siècle, il réunissait un grand paravent en papier peint à décor de chinoiseries (45 000 francs), une paire de portes d’époque Louis XIV, un grand textile datant de 1890, des chaises pliantes en fer laqué, ainsi que des dessins et sculptures sur bois.
Rigueur et fantaisie
Pour sa première édition, le Pavillon des antiquaires a voulu retrouver l’éclectisme des premiers salons de Mars en y ajoutant une plus grande sélectivité – chaque œuvre étant soumise à une commission d’expertise – qui avait fait défaut aux derniers crus. La formule a semblé séduire acheteurs et collectionneurs. Trois jours avant la clôture du salon, les organisateurs avaient recensé 15 000 visiteurs, venus découvrir les stands des soixante exposants installés quai Branly. Parmi eux, de nombreux Parisiens, mais aussi un nombre non négligeable d’étrangers profitant notamment de la tenue simultanée du Salon du dessin. “Nous avons reçu la visite de nombreux clients étrangers, américains, allemands et italiens essentiellement ; des gens fortunés et connus, pour la plupart des hommes d’affaires ”, constate Pierre Nachbaur, de la galerie Lucie Weill & Seligman. Des Espagnols, Anglais, Allemands, Suisses et Belges ont également fait le détour par le stand de Virginie Pitchal, qui leur a fait les honneurs de ses tableaux de maîtres anciens. “J’ai vendu à des Français, des Anglais et des Belges, explique la jeune galeriste, essentiellement des industriels, banquiers ou financiers. Un tableau d’Henri Gascars, La duchesse de Bourgogne en costume de chasse, est parti pour plus de 300 000 francs, tandis qu’une Nature morte aux fruits et coupes de verre était achetée pour près de 250 000 francs.”
Le succès de cette première édition semble pouvoir s’expliquer à la fois par la sélection opérée par un comité composé de galeries réputées et la part belle faite à la jeune génération, très présente dans un salon où la moyenne d’âge des exposants était de 35 ans. “La présence de jeunes antiquaires permet de contribuer à renouveler le goût du public, explique Marc-Antoine Patissier, tout en apportant une note de fantaisie et de divertissement au salon. ”
Les résultats ? “La plupart des exposants ont bien ou très bien vendu, s’enthousiasme Patrick Perrin, l’un des organisateurs de la manifestation. De nombreux marchands sont venus m’annoncer, avant même la fin du salon, leur souhait d’être présents l’année prochaine.” Cette satisfaction semble partagée par de multiples antiquaires, comme Alain de Monbrison, Marc Perpitch ou Patrick Bellanger, même si certains, tel Pierre Nachbaur, étaient un peu plus mesurés. “Les ventes ont été assez moyennes. Mais je venais plus pour faire acte de présence et me repositionner par rapport à mes confrères “, précisait-il, tout en insistant sur la qualité des contacts établis comme sur l’ambiance conviviale du salon.
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Le Pavillon de la jeunesse et de la qualité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°58 du 10 avril 1998, avec le titre suivant : Le Pavillon de la jeunesse et de la qualité