Le Parcours des mondes rend hommage au travail des marchands avec une exposition à la Monnaie de Paris.
PARIS - Le succès de la dispersion de la collection Rosenthal en novembre 2008 et les résultats honorables de Sotheby’s à Paris en juin laissent croire à une bonne santé du segment des arts premiers. Le marché est toutefois à deux vitesses. Si les ventes publiques gardent la main, les marchands font plus grise mine. Le poids lourd Pace Primitive (New York) a ainsi renoncé cette année à participer au Parcours des mondes, à Paris. D’après Didier Claes (Bruxelles), l’activité en galerie est quasi nulle, sauf pour des objets très ciblés. « Il y a moins d’enthousiasme, les gens pensent que l’on ne peut plus rien s’offrir et fréquentent moins les galeries », regrette Maine Durieu (Paris). Aussi le Parcours des mondes s’est-il mis en tête de (re)valoriser le travail de ces professionnels occultés par les enchères. « 99 % des pièces vues en ventes sont d’abord passées par les mains d’un marchand. Paradoxalement, dans les provenances, on indique [le nom de] l’amiral qui a ramené une pièce ayant appartenu à Vlaminck ou à Derain. Or le marchand est un découvreur et un filtre, martèle Pierre Moos, directeur du salon. En salle des ventes, vous levez la main : c’est fini, au revoir et merci. Avec un marchand, un dialogue s’instaure. » La foire rend donc à César ce qui est à César avec une exposition baptisée « Regards de marchands » et proposée à la Monnaie de Paris [du 9 septembre au 18 octobre]. Mais en augmentant les cotisations de mille euros, les organisateurs ont-ils pris en compte les difficultés financières des galeries ? « Nous finançons l’exposition à cent pour cent. On réinvestit tout en marketing et en relations publiques », défend Pierre Moos.
La plupart des exposants affichent un mot d’ordre : peu d’objets mais de qualité, et surtout un minimum de pièces à des prix très élevés. Un pragmatisme qui n’exclut pas un travail de fond à travers des expositions. Après avoir brillé l’an dernier avec une esthétique rude et puissante, la galerie Dandrieu Giovagnoni (Rome) mise cette année sur le classicisme. Elle met en exergue une statue pré-Dogon du Mali, datée du XVIIe siècle, et un étonnant masque polychrome du Burkina Faso. Renaud Vanuxem (Paris) conçoit « L’épure » avec des objets élégants et minimalistes. Jean-Baptiste Bacquart (Londres) montre quant à lui quatorze masques regroupés selon leur proximité formelle avec des courants artistiques occidentaux.
Certains quittent leurs sentiers habituels. Bernard Dulon (Paris) présente ainsi un grand masque de procession du Kerala, étonnamment proche de l’esthétique de la Colombie-Britannique. C’est du côté de la Papouasie-Nouvelle-Guinée que nous conduit la Galerie Flak (Paris), dont l’ensemble de sculptures dansantes et de masques résume l’étonnante variété des cultures de cette île. Johann Lévy (Paris) fera sans doute sensation avec une exposition aussi savante que culottée autour des boli, objets de pouvoir mystique. Arte Y Ritual (Madrid) joue, elle, la carte du « small is beautiful » avec l’exposition « Gem, Monumental miniatures », réunissant cent petits objets de tous les continents. Une bonne façon de rappeler que la qualité d’une œuvre ne se mesure pas à sa taille…
PARCOURS DES MONDES, du 9 au 13 septembre, rues Guénégaud, Jacques-Callot, Mazarine, Visconti, Jacob, des Beaux-Arts, de Seine, quai Malaquais, 75006 Paris, www.parcours-des-mondes.com, les 9, 10, 12 sept. 11h-19h, le 11 sept. 11h-21h, le 13 sept. 11h-17h.
PARCOURS DES MONDES
Organisation : Tribal Art Management (Arquennes, Belgique)
Nombre d’exposants : 62
Tarif : 4 900 euros
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Le dialogue à l’honneur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°308 du 4 septembre 2009, avec le titre suivant : Le dialogue à l’honneur