Ancien ou contemporain, cette spécialité reste une valeur refuge comme viennent de le montrer deux salons parisiens.
PARIS - Chaque édition du Salon du dessin, à Paris, a ses marottes. Cette année (du 25 au 30 mars), Gustav Klimt y jouait les invités surprises chez Thomas Le Claire (Hambourg), Patrick Derom (Bruxelles), Pandora (New York) et Éric Coatalem (Paris). Grâce à une bonne tenue générale en dépit de l’absence de chefs-d’œuvre, les marchands ont globalement bien travaillé les deux premiers jours. « Ce n’est pas la folie, mais cela s’est étonnamment bien passé », confiait Bruce Livie, de la galerie Arnoldi-Livie (Munich). « Ça se passe très bien pour les œuvres en dessous de 15 000 euros. Pour celles affichées à 20 000 euros, les gens nous demandent de baisser jusqu’à 15 000 euros. On sent que c’est un palier », ajoutait Caroline Jouquey, de la galerie Antoine Laurentin (Paris). Celle-ci a changé son accrochage après avoir cédé une pièce de Théodore Rousseau à l’Institut néerlandais (Paris). Le « palier » fut supérieur chez Michel Zlotowski (Paris), lequel a vendu une merveilleuse Biomorphie de Calder à un marchand londonien. Le Portrait de Wally Neuzil d’Egon Schiele, affiché pour 1,3 million d’euros chez Jean-Luc Baroni (Londres), a lui aussi trouvé preneur.
Après l’ambiance feutrée du palais Brongniart, un vrai choc thermique attendait les visiteurs du Salon du dessin contemporain (26-29 mars), installé in extremis au Carreau du Temple. On y trouvait de la fraîcheur, au sens propre et figuré. Bien plus homogène que les années précédentes, le salon jouait sur la fibre humoristique, notamment chez Anton Weller (Paris) et Loevenbruck (Paris). Il était difficile de ne pas succomber devant la magnifique feuille d’Henry Darger chez Andrew Edlin (New York), les Bellmer furieusement érotiques de Natalie Seroussi (Paris) ou les dessins de Carl Andre chez Yvon Lambert (Paris, New York). Malheureusement, le froid ambiant gelait l’enthousiasme des amateurs, moins enclins à prolonger la visite. Le commerce fut de fait très calme les premiers jours, avec un petit coup de chauffe le week-end. La majorité des transactions se sont révélées inférieures à 5 000 euros. La qualité d’un salon ne se mesure pourtant pas uniquement à l’aune du commerce. Avec son one-man show de Jochen Gerner, Anne Barrault (Paris) a pu préparer le terrain pour l’exposition de cet artiste en galerie en septembre prochain. Les derniers travaux de Jean-Charles Blais présentés par Catherine Issert (Saint-Paul de Vence) et la subtilité poétique de Jean Dupuy chez Semiose (Paris) ont aussi bénéficié d’un éclairage porteur à long terme.
« Encore un peu tôt »
Reste la question lancinante d’une fusion des deux foires. Elle n’est toujours pas à l’ordre du jour. Ce d’autant plus que les trois galeries d’art contemporain présentes au Salon du dessin n’ont vendu qu’à leurs propres collectionneurs. Daniel et Florence Guerlain, dont l’exposition de la collection dans le cadre de cette manifestation a drainé un nouveau public, ont ainsi acquis une pièce de Paul Chan à la New Galerie de France (Paris). « Les visiteurs habituels du salon ne sont pas encore prêts. Il y a cinq ans, je faisais figure de bombe avec Aurelie Nemours. C’est un peu tôt », indiquait Anisabelle Berès (Paris). Son confrère Hervé Aaron (Paris) verrait toutefois bien l’arrivée d’une ou deux nouvelles galeries. « Les galeries modernes se sont coulées de manière naturelle dans le salon. Il faudrait que ce soit pareil avec le contemporain », conclut-il.
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Le dessin résiste à la crise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : Le dessin résiste à la crise