Paris

L’art moderne à l’honneur

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 8 juin 2011 - 554 mots

Belle performance chez Sotheby’s, un record avec Feininger chez Artcurial, déception chez Christie’s.

PARIS - Pressentie comme l’œuvre la plus importante de la saison parisienne des ventes d’art moderne, l’huile sur toile de Lyonel Feininger, Hafen von Swinemünde (1915), présentée le 29 mai chez Artcurial (en collaboration avec la maison de ventes Millon & Associés) sur une estimation de 1,5 à 2 millions d’euros, a été emportée pour 5,7 millions d’euros par un collectionneur américain, contre deux Russes et deux Suisses. Il s’agit du deuxième meilleur prix pour l’artiste en vente publique et du tableau le plus cher jamais adjugé en France depuis la vente Saint Laurent-Bergé, réalisée en février 2009 par Christie’s. C’est aussi une victoire pour Artcurial dans un marché ultracompétitif, où ce genre d’œuvre est habituellement programmé sur les places anglo-saxonnes. Pour Francis Briest, coprésident de la maison de ventes, « ce résultat spectaculaire consacre une nouvelle fois la capacité de la place de Paris et de notre maison à vendre des œuvres d’envergure internationale au marché. C’est sans nul doute un nouveau jalon ». Cependant tout le prestige de la vente d’Artcurial reposait sur ce tableau, car les deux autres lots phare, Jeune fille au corsage bleu (1916) de Pierre Bonnard et Les Courses à Clairefontaine, grand prix de Normandie (vers 1928-1931) signé Kees Van Dongen, estimés 400 000 euros chacun, n’ont pas trouvé preneur. 

Renforcer la position  de la place parisienne
Très décevante, la sélection du 20 mai de Christie’s totalisait à elle seule le prix du Feininger, soit un résultat en chute de près de 30 % par rapport à la vente du 2 décembre 2010. Van Dongen terminait en tête avec La Porte Dauphine, huile sur toile vendue 397 000 euros, à son estimation basse. Il est clair que Christie’s préfère exporter toutes les pépites qu’elle trouve sur le sol français vers Londres et New York. Du coup, elle remplit ses ventes parisiennes avec des œuvres de second plan. Ce n’est pas la politique de Sotheby’s qui, le 1er juin, a globalement réalisé la plus belle performance, avec 16,1 millions d’euros. C’est plus du double de ses deux concurrents réunis, en deux fois moins de lots. La maison de ventes contribue ainsi à « renforcer la position prestigieuse qu’occupe désormais Paris dans le marché international de l’art impressionniste et moderne, souligne Thomas Bompard, directeur du département chez Sotheby’s Paris. Le palmarès de la vente parle de lui-même : Miró, Giacometti, Picasso, Magritte, Gris ». Femmes et oiseau devant le soleil, pastel de Joan Miró exécuté en 1942, a décroché la plus haute enchère de la vente, soit 2,3 millions d’euros, sans toutefois dépasser son estimation basse. La vraie vedette de la soirée est revenue au bronze d’Alberto Giacometti, Homme à mi-corps (Diego assis), conçu en 1965 et fondu après la mort du sculpteur en 1982. Estimée 800 000 à 1,2 million d’euros, la sculpture représentant le jeune frère de l’artiste a été adjugée 1,5 million d’euros à un collectionneur américain. 

CHRISTIE’S, 20 MAI

Résultats : 5,7 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 97/41

Lots vendus : 70 %


ARTCURIAL, 29 MAI

Résultats : 7,3 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 23/15

Lots vendus : 60,5 %


SOTHEBY’S, 1er JUIN

Résultats : 16,1 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 65/33

Lots vendus : 66 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : L’art moderne à l’honneur

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