Quelques pièces rares ont fait le succès de la vente d’Art déco du 28 mai à l’Espace Tajan. Hormis deux lots signés Aguesse, les plus beaux morceaux ont intégré des collections particulières.
PARIS - Fruit d’une collaboration réussie entre Jean Dunand et Jean Goulden, un petit meuble bas de 1923, carré, recouvert de laque de Chine noire et incrusté de coquille d’œuf en marqueterie mosaïquée sur le plateau était certainement le bijou de la vente. Estimée 300 000 euros, cette pièce unique provenant de la famille du créateur, à la fois table basse et meuble à secrets doté de petits tiroirs, tablettes et niches ouvertes, a atteint la somme de 461 000 euros. L’expert de la vente, Félix Marcilhac, a jugé que “cet objet culte de la période des Arts décoratifs français valait plus que cela”, mais s’est réjoui qu’il soit “parti dans une bonne collection française”. Selon lui, les enchères n’ont pas flambé car “le meuble n’était pas dans le goût des décorateurs français et américains”. Ces derniers ont aussi laissé à un particulier un rare grand tapis de 12 x 6 m en laine de couleurs vives à motifs feuillagés de Louis Suë et André Mare, spécialement conçu en 1927 pour le paquebot Île-de-France. Ce dernier ayant peu voyagé, le tapis s’en trouvait d’une fraîcheur exceptionnelle. Il a été acheté pour seulement 30 000 euros (contre une estimation de 35 à 40 000 euros). C’est encore un amateur qui a misé contre des professionnels pour une table en chêne vernissé de 1950, réalisée par Janette Laverrière et Georges Jouve pour le magnifique plateau en céramique, qui est montée au double de l’estimation basse, soit jusqu’à 266 600 euros. Il y a encore quelques années, ce type d’objets n’avait pas d’amateur.
Ruhlmann et Aguesse
Les affaires ont été bonnes pour le mobilier Ruhlmann, une valeur classique pour un bon nombre de collectionneurs. Plusieurs pièces signées du créateur dont une bibliothèque adjugée 118 000 euros, ont été vendues raisonnablement dans la fourchette de leur estimation à des particuliers ravis d’acheter aux enchères contre des marchands. En effet, les acheteurs sont de plus en plus méfiants à l’égard des prix astronomiques pratiqués en galeries pour des pièces de Ruhlmann. Enfin, tous les amateurs d’Art déco ont été éblouis par deux bureaux de dame réalisés par Henri Aguesse, un décorateur qui a travaillé dans l’ombre, notamment avec Leleu, et qui, à l’occasion d’un concours en 1928, livra ces deux créations sous son propre nom. Pour le premier, estimé 38 à 46 000 euros, d’une incroyable forme moderniste en bois laqué rouge avec un plateau recouvert de coquille d’œuf à fond de laque rouge, le marteau est tombé à 135 000 euros. Le second, estimé 22 à 30 000 euros, de forme plus conventionnelle en poirier avec un plateau gainé de galuchat, a été emporté à 47 000 euros. Ils n’étaient pourtant pas en très bon état. Ces deux pièces ont été acquises par des professionnels. Au total, 63 % des lots de la vacation ont trouvé preneurs.
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L’Art déco rend marteau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : L’Art déco rend marteau