Les ventes d’art contemporain ont clos la saison des grandes ventes aux enchères à New York. La spécialité poursuit son ascension, gagnant peu à peu le prestige des ventes d’art impressionniste et moderne. Tandis que Christie’s a célébré sa meilleure vente de l’année, Sotheby’s a un peu déchanté. Après le succès de la vente de la collection Seagram de photographies, Phillips, de Pury & Luxembourg poursuit sa lancée avec 90 % de ventes par lot. Les premiers effets de la restructuration se feraient-ils sentir ?
NEW YORK - Les surprises ont été de mise lors des ventes aux enchères d’art contemporain qui se sont tenues les 13, 14 et 15 mai à New York. Christie’s a atteint des sommets en totalisant 69,8 millions de dollars (59,3 millions d’euros), réalisant ainsi sa meilleure vente de l’année et dépassant pour la première fois le résultat obtenu par la vente d’art impressionniste et moderne. Un succès d’autant plus honorable face aux 27,3 millions de dollars récoltés par Sotheby’s, un piètre résultat loin du minimum espéré, 33,7 millions de dollars. Malgré ses 11,7 millions de dollars, Phillips, de Pury & Luxembourg a réussi à céder 38 lots sur 42 et a confirmé son nouveau statut de société à la clientèle jeune et branchée.
Avec justesse, mais aussi à contre-cœur, Tobias Meyer, directeur du département d’art contemporain chez Sotheby’s, a avoué que la vente du 13 mai avait manqué “de pétillant”. Le lendemain soir, le spectacle chez Christie’s était sensiblement meilleur grâce aux multiples mains surgissant d’une foule compacte – la salle a accueilli jusqu’à 700 personnes debout –, et des records ont été battus pour six artistes, dont Mark Rothko (16,4 millions de dollars). Cette vente a certainement bénéficié d’un grand nombre d’œuvres consignées par le propriétaire de Christie’s, François Pinault. Les trois enchères les plus élevées ont, à elles seules, dépassé le résultat total de Sotheby’s, et dix-sept œuvres ont franchi la barre du million de dollars.
Quelques exceptions ont toutefois dérogé à la règle : un tableau abstrait d’Achille Gorky, estimé entre 13 et 15 millions de dollars, a subi les conséquences d’une promotion à outrance : un catalogue séparé lui était réservé, provoquant ainsi, lorsqu’il n’a pas trouvé preneur, les applaudissements ironiques d’un auditoire plutôt perplexe. Le lot de couverture du catalogue de la vente de Phillips, un monochrome bleu d’Yves Klein, a également été victime de son estimation trop optimiste et n’a pas réussi à se hisser au-delà de 4,8 millions de dollars. Dans l’ensemble, la clientèle était majoritairement locale, composée soit de collectionneurs privés américains, soit de marchands enchérissant en leur nom propre, qui ont obtenu huit des dix premiers lots de Sotheby’s et les dix premiers de Christie’s.
L’analyse des résultats par Laura Paulson, directrice du département d’art contemporain chez Sotheby’s, tient compte de l’incertitude de la situation économique et géopolitique internationale : “Nous avons organisé une vente volontairement réduite par la taille et prudente par ses estimations et ses garanties.” Pour Christie’s, dont la vente s’est révélée la meilleure de l’année toutes catégories confondues, l’auctioneer Christopher Burge a invoqué la chance, tout en tirant son chapeau au département de Brett Gorvy pour avoir su réunir des lots de grande qualité dans une période aussi difficile.
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L’art contemporain dépasse l’art moderne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°173 du 13 juin 2003, avec le titre suivant : L’art contemporain dépasse l’art moderne