Le monde de l’art contemporain se caractérise, aujourd’hui plus qu’hier, par l’interchangeabilité et la versatilité des rôles.
Chacun des acteurs est en effet condamné à agir à l’intersection de deux univers : l’univers artistique et l’univers économique. Le critique, en dehors de son activité d’écriture, peut occuper, en alternance ou simultanément, des positions multiples : agent d’artiste, administrateur culturel, conseiller artistique d’un collectionneur ou d’une entreprise, commissaire d’exposition ouproducteur délégué. Le « méga collectionneur », dont Charles Saatchi a été, jusqu’à récemment, la figure européenne la plus marquante, joue, alternativement, tous les rôles : marchand (il achète et revend), commissaire d’exposition, administrateur d’institution, mécène (donations, fondations, musées privés). Directeur de musée, Thomas Krens, à la tête du Guggenheim et de ses succursales, est l’idéal-type de l’entrepreneur dynamique.
La polyvalence des acteurs du monde de l’art contemporain va de pair avec celle des espaces. Philippe Ségalot, quand il était à la tête du département d’art contemporain de Christie’s, concevait ses expositions-ventes d’œuvres contemporaines comme des expositions artistiques.
Les grandes firmes de ventes aux enchères organisent – particulièrement en France et en attendant l’ouverture du marché – des expositions non suivies de ventes. La plus importante des foires d’art contemporain, celle de Bâle, est, selon les termes de son directeur et de son principal sponsor, à la fois un « marché d’art temporaire » et un « musée d’art à durée limitée ». De ce point de vue, la section « Art Unlimited » est exemplaire. La polyvalence des acteurs et leur interchangeabilité ainsi que la vocation alternative des espaces contribuent certes au dynamisme de la scène artistique, mais au prix d’un certain brouillage des signaux. Et ce d’autant que le coût de promotion entraîné par la mondialisation et la médiatisation des échanges a appelé une concentration financière qui a accru le poids des instances économiques dominantes dans l’évaluation des valeurs artistiques.
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La plasticité du monde de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : La plasticité du monde de l’art