PARIS
À l’occasion de ses 25 ans, la galerie Renaud Vanuxem a réuni plus d’une quarantaine de pièces inédites provenant de cette ethnie ivoirienne.
Paris. En mars 1995, Renaud Vanuxem organisait sa première exposition d’arts premiers au 54, rue Mazarine (Paris-6e). Simplement intitulée « Arts primitifs », elle donnait un bel avant-goût des différentes expositions thématiques qu’il allait organiser par la suite dans cette galerie partagée alors avec son frère Olivier, tourné, lui, vers l’art moderne et contemporain. Et ce jusqu’en 2004, année où Renaud Vanuxem s’est installé deux numéros plus loin, au 52 de la même rue dans l’ancien espace de Jean-Pierre Laprugne. Là il a continué à présenter, parallèlement à de simples accrochages, des expositions sur un sujet précis, comme « Time Bless Art » [sur l’effet du temps sur la sculpture primitive], « Poulies », « Arts anciens du Mali », « Miniatures »…
Il était donc logique que, pour fêter les 25 ans de la galerie, Renaud Vanuxem marque le coup, ce qu’il fait sur le thème : « Sculptures Baoulé ». Fidèle à son état d’esprit de collectionneur-marchand, il a mis une quinzaine d’années à collecter les 46 pièces, soigneusement et mûrement sélectionnées. Deux seulement ont été acquises en ventes publiques. Toutes les autres, venant de collections privées, sont donc inconnues du marché, ce qui donne à l’ensemble un côté découverte, inédit, très apprécié par les vrais amateurs.
Sur les 46 pièces, une seule n’est pas une statuette : il s’agit d’une canne rituelle, l’une des plus belles répertoriées au monde, qui représente un esprit sous les traits d’un humain, porté par un devin sur ses épaules. Plantée dans le sol lors d’oracles ou de tentatives de divination, cette canne était en quelque sorte l’accompagnateur du devin. La composition, le rythme, la sévérité des visages et la qualité des détails (chevelure, tresse…) donnent à cet objet une idée de la force, de la magie, de la pureté de l’art des Baoulés (Côte-d’Ivoire), de sa quintessence. Car l’ensemble des statuettes réunies autour témoignent de la diversité de cet art, de la richesse des motifs et des solutions plastiques trouvées par les sculpteurs, à l’exemple de la stylisation géométrique d’un bras de l’une d’elles. Si nombre de caractéristiques sont communes (mollets ronds, arrondi parfait des sourcils, évocation des scarifications…), on ne peut qu’être frappé par la liberté formelle et le foisonnement des styles – à l’exemple de telle statuette à l’allure assyrienne ou de telle autre à la barbichette et au profil plus égyptien. Styles mis au service de la croyance Baoulé selon laquelle chaque individu a son double dans le monde des ancêtres et tous les êtres humains ont eu dans une vie antérieure une épouse-esprit ou un mari-esprit. On pourrait encore évoquer cet étonnant fétiche de brousse au bois raviné avec restes d’oblation à base de coquilles d’œuf et de sang.
Compris entre 2 000 et 60 000 euros, les prix sont cohérents et raisonnables compte tenu du niveau des objets et de leur ancienneté, puisque bon nombre d’entre eux datent de la fin du XIXe-début du XXe siècle.
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La magie des Baoulé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°549 du 3 juillet 2020, avec le titre suivant : La magie des Baoulé