Plus de 13 millions d’euros ont été enregistrés pour l’historique collection Peter Stuyvesant
qui a fait entrer l’art dans l’entreprise il y a cinquante ans.
AMSTERDAM - Sotheby’s a réalisé une vente historique le 8 mars à Amsterdam avec la collection d’art contemporain Peter Stuyvesant, qui a attiré 500 enchérisseurs internationaux. L’ensemble, qui était estimé au mieux six millions d’euros, a totalisé 13,6 millions d’euros.
Les estimations particulièrement attractives (en dessous des prix du marché) étaient fondées sur une liste de valeurs dressée lors d’un ancien inventaire de la collection. Le prestige de cette collection d’entreprise innovante – car empreinte d’une dimension sociale –, mais aussi la qualité et la virginité des œuvres sur le marché ont fait le reste.
La collection Peter Stuyvesant a été lancée par Alexander Orlow, directeur de la Turmac Tobacco Company, collectionneur et inventeur du concept de « l’art dans l’usine ». En 1960, il décide de suspendre treize grandes peintures dans l’usine de cigarettes de Zevenaar aux Pays-Bas, directement au-dessus des machines, dans le but de rompre la monotonie et d’améliorer les conditions de travail.
Treize artistes européens furent ainsi conviés à réaliser des peintures sur le thème de « La joie de vivre ». Ce fut un choc pour les employés de l’usine qui découvrirent un matin les peintures qui avaient été installées secrètement durant la nuit. L’effet de surprise passé, les employés marquèrent leur préférence pour l’art abstrait. La collection grossit d’année en année.
Elle fut exposée par roulement dans les usines et circula dans des musées à travers le monde. Pour le choix des œuvres – tableaux et sculptures –, Orlow s’entoura de conseillers avisés, des conservateurs et directeurs de musées, à qui il donna pour consigne de garder à l’esprit l’idée d’humaniser les conditions de travail en usine. La vente organisée chez Sotheby’s portait sur 161 œuvres issues de cette expérience qui se poursuivit jusque dans les années 2000.
Record pour Morellet
L’enchère la plus élevée est allée à Dinosaurierei (1996), huile sur toile de Martin Kippenberger adjugée 1 million d’euros, contre une estimation haute de 300 000 euros. Cette peinture, réalisée peu de temps avant la mort de l’artiste à l’âge de 44 ans, appartient à sa célèbre série Eierbilder axée sur le motif de l’œuf. Les œuvres des artistes du groupe CoBrA, qui ont constitué le noyau dur de la collection Stuyvesant à ses débuts, ont enregistré de très beaux prix, sans pour autant battre des records. « Les tableaux CoBrA étaient très beaux, mais il n’y avait pas de chef-d’œuvre », commente un professionnel.
Deuxième meilleure enchère de la vente, Tête tragique (1961), huile sur toile de Karel Appel entrée dans la collection en 1965, s’est vendue 492 750 euros, tandis que Torse de femme (1964) du même artiste est partie à 432 750 euros. Les deux tableaux étaient estimés autour de 150 000 euros pièce.
Évalué 100 000 euros, M.C.2 (mariale), un exceptionnel tableau exécuté en 1962 par Simon Hantaï, est monté à 480 750 euros. Lili ou Tony (1965), volumineuse Nana peinte de Niki de Saint Phalle, présente dans la collection depuis 1967, a été emportée pour 408 750 euros, le double du montant annoncé. Un record mondial a été enregistré pour François Morellet, avec 2 trames de tirets 0° 90° (1972), peinture qui s’est envolée à 432 750 euros, contre une estimation de 20 000 euros.
Notons aussi, après le succès de la vente de la collection Lenz Schönberg le 10 février à Londres chez Sotheby’s, la confirmation de la réévaluation de la cote des artistes du Groupe Zéro, notamment pour le Hollandais Jan Schoonhoven avec Kwadratenreliëf met Diagonagen (1968), estimé 100 000 euros et adjugé 456 750 euros. Mais aussi pour Günther Uecker ou Jesús Rafael Soto avec La Colonne Blanche (1967), cédée à 300 750 euros, trois fois son estimation basse.
Estimation : 4,4 à 6,3 millions d’euros
Résultats : 13,6 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 157/4
Lots vendus : 97,5 %
En valeur : 99,6 %
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La joie de vivre, de l’usine aux enchères
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°321 du 19 mars 2010, avec le titre suivant : La joie de vivre, de l’usine aux enchères