TOUCY
Installée à Toucy en Bourgogne-Franche-Comté, cette galerie d’art spécialisée en céramique contemporaine, au fonctionnement associatif, est un lieu hors norme.
L’Yonne, en Bourgogne-Franche-Comté, n’est pas une terre de collectionneurs, ni même une région touristique, et Isabelle Brunelin et Christophe Alquier ne sont pas issus du milieu de l’art. C’est donc un pari audacieux qu’a fait le duo il y a maintenant vingt-deux ans en ouvrant la Galerie de l’ancienne poste, spécialisée en céramique contemporaine. Pari réussi, puisque la céramique, longtemps cloisonnée dans la catégorie artisanat, connaît aujourd’hui un regain d’intérêt sur la scène internationale. En témoigne l’édition 2018 de la Fiac (Foire internationale d’art contemporain) à Paris, où plus de 25 marchands proposaient des œuvres en terre cuite. En témoigne également l’attrait de plasticiens contemporains, comme Johan Creten, Grayson Perry, ou de plus jeunes comme Marion Verboom, pour cette technique.
La Galerie de l’ancienne poste, qui n’a pas attendu l’aval du marché pour promouvoir la céramique, en a fait sa spécialité dès son ouverture en février 1997. Elle représente une douzaine d’artistes parmi lesquels des noms connus, à l’instar d’Ursula Morley-Price, de Nadia Pasquer ou de Robert Deblander, mais surtout des jeunes talents internationaux comme la Hongkongaise Yuk Kan Yeung, actuellement exposée, ou la Londonienne Tessa Eastman. Les prix vont de moins de 1 000 euros à 12 000 euros pour les créateurs les plus établis.
Cette petite bourgade de la Puisaye est située à seulement deux heures de Paris. « L’Yonne a un vide institutionnel, le musée le plus proche est le Musée Zervos de Vézelay à une heure de route, mais le département regorge de résidences secondaires de Parisiens », indique Isabelle Brunelin. En revanche, la plus grande partie des ventes (80 %) est réalisée à Paris, au domicile même des galeristes, où ils sont présents du lundi au vendredi avant de rejoindre Toucy pour le week-end.
« Au départ, quelques-unes parmi les œuvres que nous présentions pouvaient s’apparenter à des contenants, mais nous nous sommes très rapidement tournés vers la sculpture. Immédiatement nous avons décidé de faire pour la céramique ce que les autres galeristes font pour l’art en général. Et il a fallu passer au-dessus des questions telles que “est-ce que je peux y mettre une fleur ?” », souligne Isabelle Brunelin.
Ce couple jovial et dynamique, associe Isabelle, une ancienne directrice d’études et de communication, et Christophe, qui exerce toujours dans un cabinet de conseil. « Nous ne sommes pas issus de familles de collectionneurs. Si vous entendez à la radio une chanson de John Coltrane, vous pouvez tomber dans le jazz, et c’est pareil pour l’art », s’amuse Christophe. Le déclic ? Une exposition que découvre Isabelle en Bourgogne, du céramiste Robert Deblander. C’est en héritant de cet ancien hôtel particulier, et ancienne poste de Toucy, qui a appartenu à ses grands-parents, que la galeriste s’est décidée, alors qu’elle-même comme son époux ont toujours habité à Paris.
Être galeriste est toujours une histoire de passion. D’autant plus pour ce duo qui exerce bénévolement, puisqu’une autre des particularités de la galerie est son statut d’association. Cette structure lui permet d’être subventionnée par la Région Bourgogne-Franche-Comté, le ministère de la Culture au travers de la Drac, et le conseil départemental de l’Yonne. Au total, cette aide représente environ 40 % de leurs ressources, et leur permet de rémunérer un salarié, pour compléter leur duo. Tout l’argent gagné est alors réinvesti dans la communication et la publication de catalogues.
Très bonne communicante, Isabelle a rapidement obtenu la reconnaissance de la presse spécialisée. Son prochain objectif est « de se développer en musée. Il est important que la céramique connaisse une reconnaissance institutionnelle et qu’elle ne soit pas seulement cantonnée à Sèvres ». L’an prochain, les galeristes bénéficient d’une carte blanche dans un lieu de renom, La Piscine à Roubaix. Ils y montreront de mars à mai 2020 une sélection de quatre artistes : la Finlandaise Erna Aaltonen, le Français Laurent Petit, l’Anglaise Ursula Morley-Price et la Belge Ann Van Hoey.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La Galerie de l’ancienne poste, une adresse atypique
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°535 du 13 décembre 2019, avec le titre suivant : La Galerie de l’ancienne poste, une adresse atypique