La 9e édition de la Foire internationale d’art SP-Arte a confirmé la bonne santé du marché brésilien.
SAO PAULO - À déambuler à l’étage du pavillon de la Biennale conçu par Oscar Niemeyer, l’impression est manifeste : le niveau est monté d’un cran. SP-Arte, la Foire internationale d’art de São Paulo créée en 2005, a réuni du 4 au 7 avril son meilleur plateau depuis sa création. Non sans malice, elle s’est présentée avant d’ouvrir comme la 3e foire mondiale (derrière Art Basel et Frieze Art Fair), au motif qu’elle accueille dans ses rangs la plus grande proportion, après Bâle et Londres, de galeristes cités dans le classement ArtReview Power 100 des personnalités les plus influentes du monde de l’art. Ce type de comparaison est vain, et l’effet d’annonce, limité. Mais collectionneurs et amateurs (22 500 visiteurs, 10 % de plus qu’en 2012) sont venus voir Jean-Michel Basquiat chez Gagosian, Donald Judd chez David Zwirner, Georg Baselitz chez Thaddaeus Ropac. Aucune vente record n’a été annoncée, mais le volume général a été bon. Selon le quotidien Folha de São Paulo, ni le Bacon proposé à 9 millions d’euros ni le Gerhard Richter ou le Jeff Koons, entre 4 et 6 millions d’euros, n’ont trouvé preneur officiellement, mais un Damian Hirst (Glorification, 2008) serait parti, selon le quotidien O Globo, autour d’un million d’euros chez White Cube (Londres). On peut imaginer des montants comparables pour le Calder vendu par The Pace Gallery ou le Richard Serra, par Gagosian. Les importantes galeries locales (Nara Roesler, Fortes Vilaça, Luisa Strina) semblent avoir bien vendu les stars brésiliennes puisque l’accrochage a changé quotidiennement, mettant notamment en vedette Vik Muniz, Rivane Neuenschwander ou Tunga.
« Le niveau monte »
Devant Mexico et Bogota, São Paulo reprend de l’avance sur le continent latino-américain pour avoir bénéficié de « l’effet Rio » (lire le JdA 376, 5 octobre 2012, sur la foire ArtRio). Fernanda D. Feitosa, directrice de SP-Arte, assume sans fausse modestie : « Ce n’est jamais bon d’être leader seul, loin devant ; oui, la montée de la foire de Rio 2012 nous a sûrement aidés à progresser encore. » Tout le monde loue la qualité de l’organisation et l’espace aéré. Le bâtiment, gigantesque (17 000 mètres carrés d’exposition, à mettre en regard des 9 000 investis par la Fiac au Grand Palais), est coupé en deux : le rez-de-chaussée est destiné aux galeries émergentes (46), aux institutions et aux projets éducatifs. L’étage, cœur de la foire, accueille 76 galeries de premier plan, dont les 41 étrangères. Les colonnes modernistes découpent naturellement l’espace, offrant de belles perspectives mais une entité propre à chacun. L’italienne Lia Rumma l’utilise à merveille pour un accrochage où William Kentridge dialogue avec Alfredo Jaar, Vanessa Beecroft avec Marina Abramovic. « Réserves » posées sur plusieurs dessins de Kentridge vendus entre 100 000 et 300 000 euros.
Chez les Français présents, l’humeur était bonne : « On est très bien accueillis ; les collectionneurs brésiliens sont plus informels, les questions plus fréquentes et l’intérêt plus spontané », se réjouissait Olivier Antoine (Art : Concept, Paris), participant pour la première fois à une foire brésilienne. Yvon Lambert était une des rares galeries internationales déjà présentes en 2012 ; Olivier Belot, son directeur général, confirmait : « Le niveau monte, mais l’ambiance reste toujours aussi agréable. » Dans un des nombreux bars ouverts par les marques, Mor - Charpentier, venus en observateurs, analysaient cette nouvelle étape du marché latino-américain, peu suspects de langue de bois : « La foire a progressé, tous les collectionneurs brésiliens sont là, les Argentins également. Apparemment, ça part très bien. »
Les ventes ont été facilitées par l’exemption de TVA en vigueur depuis 2011 à Rio et 2012 à São Paulo, pendant les cinq jours de foire. Comme dans tous les salons d’importance, SP-Arte a suscité une importante programmation hors les murs : notons une double exposition sous le commissariat de Hans-Ulrich Obrist et soutenue par le consulat de France : « The Insides are on the Outsides », à la Casa de Vidro et au centre culturel SESC-Pompeia. São Paulo confirme qu’elle possède les acteurs locaux (galeries et institutions) et la vitalité artistique et économique à même d’enraciner la ville et sa foire sur la scène mondiale de l’art contemporain.
En septembre, Rio devra encore élever le niveau pour justifier un deuxième rendez-vous annuel dans un marché certes croissant, mais encore estimé à seulement 1 % du volume mondial des ventes, selon le rapport annuel Arts Economics commandé à l’occasion de la foire Tefaf 2013.
Directrice générale : Fernanda D. Feitosa
Nombre d’exposants : 122 en 2013
Titre original de l'article du JdA : "São Paulo fanfaronne"
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La foire de São Paulo fanfaronne
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Abonnez-vous dès 1 €William Kentridge, If I Could Swallow..., 2012, encre et crayon noir sur feuilles de livre. Courtesy galerie Lia Rumma, Milan/Naples.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°390 du 26 avril 2013, avec le titre suivant : La foire de São Paulo fanfaronne